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Compte-rendu du livre « La vie religieuse » de G. Routhier, D. Cadrin et L. Caza

Ce petit livre, d’à peine 80 pages, regroupe les textes de trois contributions issues d’un colloque portant sur la question de la vie consacrée et plus spécifiquement sur l’avenir de la vie religieuse au Québec. À l’occasion de l’Année de la vie consacrée, ce colloque, tenu à l’Université Laval en 2015, invitait les intervenants à baser leurs réflexions à la fois sur le passé, le présent et le futur de la vie religieuse en contexte québécois. Sans entrer dans les détails – après tout, le livre se dévore très rapidement –, voyons quelques éléments qui ont attiré mon attention.

Tout d’abord, Gilles Routhier, doyen de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval, affirme humblement qu’il ne peut offrir une « histoire du futur ». Il résumera plutôt la situation québécoise comme étant celui d’une fin de saison. « […] depuis 1960, ce à quoi l’on assiste, c’est le déclin d’un système, non de la vie religieuse elle-même, mais d’une figure historique qu’elle avait prise ici, surtout à partir du XIXe siècle […] » (p. 13). L’Église (et la société) est en pleine mutation. Pour imaginer du neuf, il faut vivre et œuvrer en partenariat à l’image des premières fondations qui travaillaient de paires entre elles, mais surtout avec les laïques : les Augustines et la duchesse d’Aiguillon; les Ursulines et Madeleine de la Peltrie. Ces religieuses n’auraient pu réaliser leur œuvre d’hospitalité ou d’éducation en Nouvelle-France sans l’apport de ces bienfaitrices. Ces premières communautés étaient aussi « insérées dans un réseau de personnes qui assumaient le charisme de ces congrégations, c’est-à-dire ce don de l’Esprit donné à l’Église et à l’humanité, en partageant profondément » (p. 20). Ainsi, s’inspirer du passé, des intentions des premières fondations, représente une source riche de réflexion pour l’avenir.

Ensuite, Daniel Cadrin, directeur de l’Institut de pastorales des dominicains, souligne l’importance de la diversité des formes (c’est-à-dire les modèles de fonctionnement dans l’Église), ainsi que de l’importance de l’interculturalité. Au sujet de cette dernière, D. Cadrin dira d’ailleurs que « la vie consacrée sera davantage une vie migrante » (p. 52). Pour lui, l’avenir est dans l’interculturalité, dont il est témoin lorsqu’il donne des formations autant à des « visages » d’Afrique, des Antilles ou de l’Amérique latine. D. Cadrin invite d’ailleurs à « changer notre imaginaire » en revoyant, par exemple, l’importance accordée au nombre. L’idée serait de voir positivement plutôt que négativement un nombre peu élevé de membres en communauté, mais aussi de travailler dans la solidarité et la complicité des autres communautés, mais aussi des laïcs associés. « L’avenir est dans la marge et sur les parvis ».

Enfin, Lorraine Caza, ancienne doyenne au Collège universitaire dominicain d’Ottawa et supérieure générale de la Congrégation de Notre-Dame, propose des solutions pratiques. Elle souligne l’importance pour les communautés de longues traditions de supporter les communautés nouvelles. Pour elle, il faut évidemment aider financièrement ces groupes naissants, mais il faut aussi leur offrir « […] une aide qui soit partage d’expérience, conseils dans le domaine de la formation, de la gouvernance, de l’approfondissement de la vie de foi, etc. » (p. 70). L’entraide se veut pertinente autant dans la croissance, le renouvellement et dans le partage de l’identité du groupe face à l’Église, pour ainsi se sortir d’une attitude opposée à l’individualisme. En contexte entrepreneurial, on parlerait de mentorat!

L’originalité de cet ouvrage tient principalement dans le fait qu’il ne s’agit pas d’un ouvrage de ruminations pessimistes quant au sombre destin parfois attribué à l’avenir des communautés religieuses. Au contraire, les trois auteurs proposent une perspective d’un futur optimiste où les acteurs de l’Église catholique du Québec sont invités à se renouveler dans un contexte où l’interculturalité est plus importante que jamais et où les partenariats sont plus que nécessaires pour la continuité des communautés existantes, mais aussi pour accompagner les nouvelles communautés qui voient ou verront le jour.

Ce livre est visiblement destiné aux congrégations religieuses, aux ecclésiastiques et aux laïcs engagés dans les communautés ou les instituts religieux, mais il intéressera très certainement ceux et celles qui s’intéressent à l’avenir de l’Église catholique au Québec, ainsi qu’aux discours, voire aux façons de faire, quant à l’actualisation du vécu monastique et aux changements entourant les déploiements possibles d’une vie consacrée future.

Un compte-rendu de Hugues St-Pierre

Gilles Routhier, Daniel Cadrin, Lorraine Caza, La vie religieuse. Regards sur l’avenir, Montréal, Médiaspaul, 2016, 80 pages.

ISBN : 9782897600860
Prix :
9,95 $ CND | 8 €

A propos de l'auteur

Cofondateur

Hugues St-Pierre est diplômé en philosophie ainsi qu’en sciences des religions, programme dans lequel il poursuit aujourd'hui à la maîtrise. Ses intérêts sont principalement orientés vers les analyses discursives, la sexualité et les phénomènes religieux contemporains. Un faible penchant pour la philosophie et l'anthropologie des religions se fait aussi sentir. En tant qu'homme d'idée, Hugues St-Pierre est toujours sur la route de l'univers des possibles à la recherche de projets ambitieux. Il est, entre autres, l'instigateur et l'un des quatre cofondateurs du site Internet de LMD.

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