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Compte-rendu | « Les femmes dans le ministère de Jésus » de Marie-Françoise Hanquez-Maincent

En publiant Les femmes dans le ministère de Jésus, dans un contexte où la question de la femme défraie de plus en plus la chronique, Hanquez-Maincent se positionne comme une actrice de la question de la femme. Seulement elle le fait dans le domaine qui est le sien : la théologie chrétienne. À travers cet essai, son objectif est de mettre une lumière sur les femmes qui accompagnaient Jésus dans son ministère. Ce livre n’est donc pas une analyse de la vie du Christ, mais il s’intéresse à Jésus, incarné dans un espace et une histoire particulière. La question centrale qui guide ce livre est celle de la question du rapport que Jésus entretenait avec les personnes de condition féminine.

Où sont les femmes auprès de Jésus?

Dès l’introduction, l’auteure souligne que l’histoire des quatre évangiles canoniques n’a pas retenu les noms des sœurs supposées de Jésus alors qu’elle parle bien de ses frères, de sa mère Marie et de son père Joseph. Le constat fondamental révèle de ce fait que l’entourage de Jésus est, de prime abord, masculin. En se questionnant sur le rôle des femmes dans les évangiles, Hanquez-Maincent souligne que dans la majorité des cas, les femmes qui y sont présentées sont souvent des malades, des possédées, des frileuses, des faibles ou encore des prostituées. Elle précise aussi qu’à certains endroits, les femmes sont idéalisées. Ce qui présente une certaine ambivalence dans la mesure où on a du mal à retrouver la femme dans un rapport d’égalité avec les hommes.

Un livre spécialisé

Dans un premier temps, la théologienne introduit la méthode et le contexte de la rédaction de ce livre. Elle explique la validité d’une recherche féministe en théologie. Elle parle d’ailleurs de la théologie féministe en soulignant l’essence et la conformité d’un décryptage féministe. C’est à partir de cette lecture que l’on se rend compte que l’essai d’Hanquez-Maincent est un livre spécialisé qui peut difficilement être accessible au commun des mortels. C’est un livre pour les théologiens. Son originalité est qu’il peut agir de tremplin pour des recherches féministes non cloisonnées.

La présence des femmes chez les quatre évangélistes

Dans les premiers chapitres, l’auteure précise le contexte d’émergence de la rédaction des évangiles. Elle montre avec beaucoup de précautions la manière dont chaque évangéliste fait intervenir la femme dans ses écrits. Elle le précise d’ailleurs en ces termes : « Comme on le voit, chacun des récits évangélistes a ses femmes » (p. 75). On remarque, par exemple que chez Marc trois femmes dominent : Marie-Madeleine, Marie la mère de Jacques le mineur et de José, Salomé. Matthieu parle des deux premières femmes que l’on voit chez Marc, puis d’une troisième : Marie la mère de Zébédée. Jean lui, cite Marie Madeleine, Marie la mère de Jésus et sa sœur ainsi que Marie la femme de Clopas. On constatera donc que tous ces évangiles citent les femmes sans se contredire. Certains parlent de leur rôle tandis que d’autres femmes sont simplement citées.

Jésus et les femmes

Le quatrième chapitre est le cœur même de cet essai : on voit comment Jésus perçoit les femmes et comment il les aborde. Il brise les tabous liés aux différentes classes sociales et fréquente les femmes, même lorsque celles-ci sont étiquetées par la société comme étant des femmes de moralité improbable. Ce qui ouvre la voie aux chapitres suivants. Retenons que Hanquez-Maincent met en avant des figures de femmes particulières: la Syro-Phénicienne, Marthe et Marie, Marie-Madeleine et la Samaritaine.

Une représentation de Marie Madeleine au tombeau, par Giovanni Paolo Lomazzo (1568) | Photo: Pinacoteca Civica

Dans les derniers chapitres, quatre idées principales sont analysées. La première pose la question de la vraie nature du disciple bien-aimé. Était-ce une femme, éventuellement Marie-Madeleine? Dans la deuxième, l’auteure examine la variété des interprétations au sujet du matin de la résurrection. Elle estime que ces diverses interprétations font parfois fi de l’importance du témoignage de la femme que le premier siècle a déconsidérée. Ici, elle souligne le caractère essentiel du rôle de la femme dans le service missionnaire postrésurrection. On retrouve cette dimension de l’engagement missionnaire de la femme dans le dernier chapitre qui met en exergue la relation de Paul de Tarse avec les femmes qui restent présentes et organisent la vie des communautés, malgré le caractère rigide de la tradition. Dans Actes 21, 19 par exemple, on mentionne quatre jeunes filles sans préciser leurs noms. Elles habitent avec Philippe à Césarée Maritime. Les Écritures rapportent qu’elles ont toutes reçu le «don de prophétie» qui leur conféra la possibilité de parler publiquement sous la mouvance du Saint-Esprit.

En dernier lieu, on remarque que l’auteure relève une actualisation du rôle de la femme dans le Nouveau-Testament : les femmes ont toujours été présentes dans la vie de Jésus et dans la construction des premières églises. En somme, face à cette réalité, l’auteure s’interroge : comment expliquer qu’après l’institutionnalisation, les femmes sont redevenues invisibles dans l’organisation de l’Église?

Mon point de vue?

Cet essai est écrit de manière très méthodique. Il s’adresse avant tout à des spécialistes, même si toute personne aimant la lecture fouillée est invitée à le découvrir. Cependant, en tant que lectrice, j’aurais souhaité que l’auteure développe un peu plus, en se fondant sur des arguments solides, l’identification, quoiqu’insuffisante, de Marie-Madeleine comme Disciple bien-aimé de Jésus. J’aurais aussi souhaité qu’elle développe la question de l’ordination presbytérale des femmes. Par contre, à ce sujet, elle survole de manière assez lapidaire la possibilité de l’ouverture du diaconat aux femmes (p. 273), mais ne développe pas cette idée en proposant des arguments théologiques en s’appuyant, par exemple, sur la place que le Christ accorde à certaines femmes et que l’on peut considérer comme la préfiguration du sacerdoce ministériel. En tant que théologienne féministe, j’aurais jugé pertinent qu’elle développe ce sujet en montrant le pour et le contre de cette revendication de certaines femmes.

Un compte rendu de Pénélope Mavoungou

Marie-Françoise Hanquez-Maincent, Les femmes dans le ministère de Jésus. De l’ombre à la lumière?, Montréal, Médiaspaul, 2018, 304 pages.

ISBN: 9782712214616
Prix: 31 $ CND | 20,00 €

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