Compte-rendu du livre « Québec, tu négliges un trésor ! » de Dominique Boisvert Reviewed by Marc-André Desmarais on . Membre fondateur du Réseau québécois pour la simplicité volontaire (RQSV), avocat de formation et auteur de L’ABC de la simplicité volontaire (2005) et de Rompr Membre fondateur du Réseau québécois pour la simplicité volontaire (RQSV), avocat de formation et auteur de L’ABC de la simplicité volontaire (2005) et de Rompr Rating: 0
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Compte-rendu du livre « Québec, tu négliges un trésor ! » de Dominique Boisvert

quebec_tu_negliges_un_tresor_96_largeMembre fondateur du Réseau québécois pour la simplicité volontaire (RQSV), avocat de formation et auteur de L’ABC de la simplicité volontaire (2005) et de Rompre ! Le cri des « indignés » (2012), Dominique Boisvert a surtout travaillé en milieu communautaire dans différents secteurs. Dans cet ouvrage, c’est toutefois un homme profondément engagé dans sa foi qui se désole de l’amertume des Québécois à l’égard de l’Église catholique et précisément l’un de ses messages fondateurs : l’amour.

Si, a priori, le lecteur tend à croire, de par le titre de l’ouvrage, que Dominique Boisvert cherche à faire un constat de la situation actuelle du patrimoine culturel et religieux du Québec, la réalité en est tout autre. Les questions d’ordre institutionnel de l’Église (le financement, le manque de personnel, le regroupement des paroisses) et tout ce qui touche l’aspect plutôt humain de la religion (les pratiques religieuses, la communauté chrétienne, la foi) sont balayés du revers de la main par l’auteur qui ne les considère « ni l’essentiel, ni la priorité » (p. 19). Ainsi, loin d’être une étude scientifique, Québec, tu négliges un trésor ! est plus une réflexion autour d’un « trésor » appelé la « Bonne Nouvelle », soit le message de paix et d’amour au cœur du christianisme. Dominique Boisvert ne cherche pas particulièrement à convaincre son lecteur, il tente plutôt de l’interpeller dans une quête spirituelle qui met de l’avant une conception munificente de l’amour et qui, en quelque sorte, permettrait de faire face aux questions spirituelles et éthiques amenées par la mondialisation et le matérialisme de nos vies quotidiennes.

Depuis la Révolution tranquille, le Québec se serait éloigné des valeurs catholiques, historiques à sa survivance et à son développement. Aujourd’hui, les contrecoups de cette distanciation auraient imprégné la société d’une rancune et d’une méfiance latente envers l’Église catholique. Dominique Boisvert avance que c’est la jeunesse québécoise qui en souffre le plus, puisqu’elle est complètement ignorante du passé religieux du Québec et ainsi de la « Bonne Nouvelle ». Or, l’auteur croit qu’il est nécessaire de ramener et de vulgariser ce message d’amour provenant de Jésus de Nazareth – de faire un retour aux sources puisque ce message a parfois été véhiculé de manière maladroite et antithétique par l’Église. Il décortique alors l’amour sous toutes ses formes et le rattache aux Évangiles : l’amour en tant qu’expérience humaine; l’amour de son prochain et envers tous; l’amour des plus faibles et démunis; l’amour non violent; l’amour pour aller plus loin et être libre. C’est cet amour qui, s’il était approprié, donnerait un sens renouvelé à la vie et guérirait les maux de nos sociétés contemporaines, mais aussi ceux de l’Église. En effet, l’essai de Dominique Boisvert se clôture sur un chapitre dédié à la famille, où il tente d’appliquer cette interprétation de l’amour dont il fait la promotion à la conception catholique de la famille, un dossier d’actualité dans l’Église. Dominique Boisvert voit en cette conception de la famille une idée arriérée, contre-productive et loin de la Bonne Nouvelle. Au contraire, c’est la pluralité du système familial, vu aujourd’hui par l’auteur comme « non seulement justifiable, mais, surtout, incontournable » (p. 97) qui, dans sa bénédiction, serait la mise en pratique réelle de l’amour décrié tout au long de Québec, tu négliges un trésor !

Au final, Dominique Boisvert nuance ses propos et termine avec un avertissement, soit que « le trésor de l’Évangile n’est pas LA vérité » (p. 104) et que toute croyance considérée comme vérité absolue « ne peut conduire qu’aux pires abus » (p. 105). Si le livre est somme toute bien nuancé, il évite toutefois des questions fondamentales liées aux croyances et à l’éthique. À l’ère de la mondialisation et surtout d’Internet, pourquoi la jeunesse se tournerait-elle vers une institution difficilement renouvelée et vers un message éthique qu’il peut aisément retrouver sous de nouvelles formes, sans se préoccuper des contraintes religieuses d’une institution et surtout du fardeau de son histoire ? Le lecteur terminera l’ouvrage avec le sentiment de n’avoir été qu’en superficialité d’une question bien plus grande que « l’amour » au centre du christianisme.

Dominique Boisvert, Québec, tu négliges un trésor !, Montréal, Novalis, 2015, 112 pages.

Prix : 15,95$ CAN
ISBN: 9782896881994

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