Sondages récents sur l’affiliation religieuse en Angleterre et aux États-Unis
Dans son plus récent communiqué de presse daté du 31 mai, le NatCen Social Research that works for society, situé en Angleterre, indique que l’appartenance à l’Église d’Angleterre est en chute depuis les années 1980. En effet, en 1983, pas moins de 40 % des Anglais affirmaient appartenir à cette Église. Perdant bon an mal an un à deux pour cent chaque année, la cadence s’est accélérée au cours de la dernière décennie pour atteindre 17 % en 2014.
Mais tandis que l’Église d’Angleterre voit ses fidèles quitter le parvis, d’autres Églises s’en tirent à bon compte. C’est notamment le cas de l’Église catholique qui comptait 10 % de la population anglaise parmi ses membres en 1983. L’Église catholique souffre d’une baisse de seulement deux pour cent depuis les années 80 et attire encore aujourd’hui pas moins de 8 % de la population. Les autres dénominations, classées sous « Autres chrétiens » dans les données publiées par le NatCen, ont oscillé d’année en année, mais sont restées stables avec 17 % de la population en 1983 et en 2014.
Un groupe de répondants qui attire aussi beaucoup l’attention est celui des « Sans religion ». Comptant 31 % des Britanniques en 1983, ce groupe représente maintenant pas moins de la moitié de la population (49 %). Or, même si NatCen soulève la question d’une montée de l’athéisme, rappelons que « sans religion » ne signifie pas « incroyant », et que leurs chiffres n’indiquent pas le nombre d’athées, bien que l’on puisse penser qu’une telle catégorie aurait pu connaître une hausse. La catégorie « Sans religion » peut accueillir des gens qui sont athées, agnostiques et même croyants ; ils affirment toutefois n’être membres d’aucune religion. Qu’en est-il de la nouvelle tendance des Églises athées ? Comment les membres de ces églises athées répondent-ils au sondage? Évidemment, il est encore trop tôt pour que cette catégorie apparaissent sur le radar du NatCen, mais il est important de mentionner qu’il y a une différence entre athéisme et appartenance à une église, et que l’on ne peut classer trop rapidement les « sans religion » dans la catégorie « athée », la situation étant plus complexe.
Le dernier groupe qui a étonné est celui des religions non chrétiennes. Bien entendu, cette catégorie renferme toutes les religions du monde comme le bouddhisme, l’islam, le judaïsme, l’hindouisme, etc. Cette catégorie a connu une belle progression au cours des trente dernières années passant de 2 % en 1983 à 8 % en 2014. Or, le centre de recherche anglais ne présente pas la déclinaison des chiffres, il est donc impossible de savoir comment se démarque chaque religion. Il indique tout de même que l’Islam a connu une hausse importante, en passant de 0,5 % en 1983 à 5 % en 2014. Il reste néanmoins 3 % pour lesquels le centre ne donne aucune information, mais on peut penser que cela laisse place à la croissance des autres religions, bien que moins marquée que la croissance de l’Islam en terre britannique.
Au même moment, le Pew Forum aux États-Unis publie un sondage semblable qui dresse un portrait de 2007 à 2014. On remarque en quelque sorte les mêmes tendances, quoiqu’aux États-Unis, l’Église d’Angleterre n’a pas la même importance qu’au Royaume-Uni. La catégorie « Protestant », qui contient les Évangélistes, les « Mainline Protestants » et d’autres, subit toutefois une perte importante tout comme en Angleterre : elle passe 51 % à 47 % de 2007 à 2014. L’Église catholique perd toutefois un peu plus de fidèles qu’en Angleterre. Si l’on compare les chiffres du NatCen avec ceux du Pew Forum, elle perd 1 % en Angleterre de 2007 à 2014, par rapport à 3 % pour la même période aux États-Unis.
Concernant les religions non chrétiennes, le sondage du Pew Forum est plus détaillé que celui du NatCen. Dans l’ensemble, on apprend que les religions non chrétiennes ont connu une hausse de 1.2 % ces sept dernières années. Les musulmans obtiennent une croissance de 0.5 %, ce qui vient relativiser en quelque sorte la forte hausse de 4.5 % que le NatCen a constaté en Angleterre, qui, nous le rappelons, s’étend sur 30 ans. Il doit être également mentionné qu’aux États-Unis, la présence musulmane est établie depuis un certain temps avec les « Black Muslims » et c’est peut-être ce qui explique que la hausse paraît plus marquée en Angleterre.
Concernant les « sans religion », catégorie en forte hausse un peu partout, le Pew Forum est plus explicite sur le contenu de cette catégorie. Elle est en effet sous-divisée en « athées », « agnostiques », et « nothing in particular ». Si la catégorie « sans religion » connaît, de 2007 à 2014, une hausse importante de 6.7 %, on remarque que les « athées » et « agnostiques » connaissent une hausse d’environ 1.5 % chacun. Ce sont les « nothing in particular » qui obtiennent la plus forte hausse : 3.7 %. Notons que, dans ces sous-catégories, ce sont les gens de race « blanche » qui influent le plus sur les chiffres. En effet, dans la sous-catégorie « athée », pas moins de 78 % des personnes interrogées sont de race « blanche ». Même constat du côté des agnostiques (79 %) et des « nothing in particular » (64 %). Même si les chiffres américains nous indiquent que la montée de l’athéisme et de l’agnostisme est somme tout assez faible, il n’en demeure pas moins que de plus en plus d’Américains choisissent de ne plus s’identifier à une religion. Bien que les données du NatCen soient plus obscures à ce sujet, nous arrivons à la même conclusion. Si l’on compare les données britanniques aux résultats américains, les premiers sont les champions de cette catégorie avec 49 % de « sans religion », tandis que seulement 6.7 % des Américains font ce choix.
Pour tout connaître des résultats, consulter le site du NatCen et du Pew Forum.
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