Le film Exodus interdit dans trois pays
Le dernier film de Ridley Scott, Exodus : Gods and Kings, dont le scénario raconte l’épisode biblique de la fuite des Hébreux hors d’Égypte, est maintenant interdit dans trois pays. Le Maroc, l’Égypte et les Émirats arabes unis ont tous trois décidé de censurer la fresque biblique du réalisateur britannique. Toutefois, chaque pays a ses propres raisons.
Au Maroc, le Centre cinématographique marocain (CCM) dénonce la représentation de Dieu présente dans le film : « Parce qu’il représente Dieu en la personne d’un enfant au moment de la révélation divine faite au prophète Moïse. Cette représentation physique est une erreur, Dieu ne se représente pas dans toutes les religions célestes ». Le Maroc est ainsi le premier pays à interdire la présentation du film. Des acteurs du milieu cinématographique marocain déplorent cette censure. C’est le cas de Mounia Layadi Benkirane, l’exploitante du cinéma Le Colisée, dernier lieu à avoir maintenu le film à l’affiche malgré le premier avis de retrait. Selon elle, « l’enfant par lequel Moïse reçoit la révélation dans le film ne dit à aucun moment qu’il est Dieu ». La censure au cinéma serait chose rare au Maroc.
En Égypte, le ministre de la Culture, Gaber Asfour, accuse le film de présenter l’histoire d’un point de vue sioniste et de contenir une falsification des faits historiques. Selon lui, le réalisateur « fait de Moïse et des juifs les bâtisseurs des pyramides, ce qui est en contradiction avec les faits historiques avérés ». Le chef du Conseil suprême pour la culture, Mohamed Afifi, critique aussi la scène de la Mer Rouge où Moïse devrait tenir un bâton comme il est écrit dans la Bible et le Coran, et non une épée. Sans oublier que selon le comité chargé de la censure du film, la séparation des eaux est expliquée par « le phénomène des marées ».
Quant aux Émirats arabes unis, la projection du film a été interdite le 30 décembre dernier parce qu’il contient des erreurs religieuses et historiques. Juma Obaid Al-Leem, directeur du National Media Concil, organisme qui approuve la projection des films, a confié à l’AFP que « Nous ne permettons pas la distorsion des religions. Lorsqu’il s’agit de films religieux ou historiques, nous faisons attention au récit, qui doit être correct, et prenons soin de ne pas heurter les sentiments des autres ».
Cette situation risque d’être profitable pour les distributeurs de films piratés.
À voir aussi : les impressions du professeur et bibliste Alain Faucher sur le film.