Revue de presse spéciale : La prière au conseil de Saguenay interdite par la Cour suprême du Canada
Le jugement de la Cour suprême du Canada n’est plus un secret pour personne : la prière n’a pas sa place au conseil municipal de la Ville de Saguenay. Pour l’occasion, LMD vous propose une sélection d’articles concernant le jugement et les réactions à ce dernier au sujet de cette longue aventure judiciaire opposant Alain Simoneau, un athée, le Mouvement laïque québécois et la ville de Saguenay. Pour comprendre un peu l’enjeu, Le Journal de Montréal propose un bref retour historique sur l’affaire remontant à 2006.
Avant de la décision
Le 13 avril, soit deux jours avant le jugement, des médias ont rappelé que la Cour suprême du Canada allait rendre sa décision le mercredi 15 avril au sujet de la récitation de la prière au conseil municipal de la Ville de Saguenay. Alain Simoneau et le Mouvement laïque québécois avaient intenté un recours au Tribunal des droits de la personne en 2006, pour mettre fin à cette pratique. Il est annoncé que cette décision risque d’avoir une incidence partout au Canada. À lire sur Le Courrier du Saguenay, La Presse et Le Journal de Montréal.
Le Mouvement laïque québécois (MLQ) a affirmé, la veille du jugement final, son inquiétude à La Presse canadienne quant à une possible victoire du maire Jean Tremblay. Selon l’organisation, cela représenterait une défaite pour la démocratie et que cela signifierait que la religion a primauté sur les droits reconnus par la Charte canadienne des droits et libertés. À lire sur La Presse.
Le jugement
Le jugement a été déposé par la Cour suprême du Canada comme prévu, le 15 avril 2015. La décision est unanime, la prière ne pourra plus être pratiquée en conseil municipal. Les juges ont toutefois affirmé qu’il n’était pas en leur pouvoir d’ordonner le retrait des symboles religieux des salles de délibération, mais la Cour suprême a condamné la ville de Saguenay à verser un montant de 30 000 $ en dommages à Alain Simoneau.
« En raison de l’obligation qu’il a de protéger la liberté de conscience et de religion de chacun, l’État ne peut utiliser ses pouvoirs d’une manière qui favoriserait la participation de certains croyants ou incroyants à la vie publique au détriment des autres. […] Si, sous le couvert d’une réalité culturelle, historique ou patrimoniale, l’État adhère à une forme d’expression religieuse, il ne respecte pas son obligation de neutralité. »
À lire sur Radio-Canada, The Globe and Mail, Dreuze info, Journal de Québec et Le Devoir.
Le jugement est intégralement accessible sur le site des Jugements de la Cour suprême du Canada.
Réactions et commentaires
Le maire Jean Tremblay obéira au jugement de la Cour suprême. Il cessera de prier à voix haute. Tremblay se dit déçu, ébranlé et surpris, mais il qu’il ne regrette rien. Il réaffirme son idée selon laquelle une prière de 20 secondes ne brime pas l’ordre public. À lire sur Canoë, Le Soleil et Le Quotidien.
Alain Simoneau est satisfait du jugement. Il se dit surpris que les neuf juges aient pris cette décision à l’unanimité. À lire sur Radio-Canada.
Le MLQ affirme que cette décision est une victoire pour la laïcité. On peut lire dans le communiqué de presse de l’organisme que « la présidente du MLQ, Lucie Jobin, se réjouit pour sa part de voir que le préambule de la constitution canadienne reconnaissant la suprématie de Dieu ne peut en aucun cas être utilisé à l’encontre de l’obligation de neutralité de l’État ni servir à limiter l’exercice du droit à la liberté de conscience ». À lire sur le site du MLQ.
La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse se dit satisfaite de l’aboutissement de l’affaire. À lire sur Portail Québec.
Le maire de Sainte-Tite, André Léveillé, a affirmé que son conseil allait discuter pour mettre fin ou non à la prière lors des réunions municipales. Il dit que personne ne s’est plaint de la chose et que la ville avait d’autres priorités pour l’instant. « C’est un sujet de troisième ordre ». À lire sur L’hebdo du St-Maurice.
Puisqu’il devra abandonner la récitation de la prière au conseil municipal, le maire de Louiseville, Yvon Deshaies, affirme qu’il veut combattre le niqab et la burka. Selon lui, d’ici quelques années, les Québécoises seront obligées de porter le niqab. À lire sur La Presse.
Le maire de Coaticook, Bertrand Lamoureux, se dit déçu par la décision. Le Conseil décidera si la prière continuera ou si elle sera abolie. À lire sur Radio-Canada.
Le jugement de la Cour suprême occasion déjà des changements de pratique partout au Canada. Des villes, dont Ottawa, ont annoncé qu’elles suspendaient ou abandonnaient carrément la récitation de la prière. À lire sur La Presse.
Le blogueur Mario Asselin propose une réflexion au sujet de ce qui distingue la prière et le recueillement en silence et la prière d’une personne « qui se la pète ». Selon lui, les plus grands défenseurs de la foi ne sont pas ceux qui crient le plus fort. À lire sur Le Journal de Montréal.
Le chroniqueur Claude Villeneuve propose une analyse de la dernière année politique du maire Jean Tremblay comme étant la plus difficile de sa carrière. Il affirme que Tremblay a perdu, devant la Cour suprême, son plus grand combat qu’il a mené depuis son élection à la Ville de Saguenay. À cette défaite s’ajoutent d’autres difficultés rencontrées, dont les sautes d’humeur et les gestes démocratiquement douteux. À lire sur Le Journal de Montréal.
Denis-Martin Chabot soulève qu’il sera possible, pour les autres municipalités, de défier le jugement de la Cour suprême, puisque ce dernier concerne la Ville de Saguenay. Il n’y aurait pas d’outrage ni de sanction immédiate si les autres municipalités poursuivent la prière. La décision fera jurisprudence, mais le processus pourrait être long et coûteux. À lire sur Radio-Canada.