Compte-rendu du livre de Daniel Boyarin, Le Christ juif : à la recherche des origines Reviewed by Steeve Bélanger on . Professeur au Département d’études du Proche-Orient et de rhétorique à l’Université de Californie (Berkeley, États-Unis), Daniel Boyarin est un auteur prolifiqu Professeur au Département d’études du Proche-Orient et de rhétorique à l’Université de Californie (Berkeley, États-Unis), Daniel Boyarin est un auteur prolifiqu Rating: 0
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Compte-rendu du livre de Daniel Boyarin, Le Christ juif : à la recherche des origines

Boyarin_Christ_JuifProfesseur au Département d’études du Proche-Orient et de rhétorique à l’Université de Californie (Berkeley, États-Unis), Daniel Boyarin est un auteur prolifique bien connu dans le domaine de la recherche sur le judaïsme de la Période du Second Temple de Jérusalem et des origines du christianisme, notamment en raison de ses positions bien tranchées, parfois polémiques, voire controversées.

Il est vrai que son ouvrage Border Lines : The Partition of Judaeo-Christianity (University of Pennsylvania Press, 2004) avait connu un important retentissement dans la recherche scientifique par sa remise en cause du modèle classique d’une haute et unique partition entre judaïsme et christianisme qui serait survenue au cours du Ier ou du IIe siècle, une partition que Boyarin considère comme ne s’étant réalisée qu’au cours du IVe siècle alors que s’affirmaient réellement et concrètement les autorités rabbinique et chrétienne.

Cette idée maîtresse de Boyarin se retrouve de nouveau en filigrane dans son plus récent ouvrage qui vient de paraître en traduction française. Pour Boyarin, l’histoire de Jésus et des premières communautés chrétiennes est également « l’histoire d’une époque où Juifs et chrétiens étaient beaucoup plus mélangés les uns avec les autres qui ne le sont aujourd’hui […], une époque où la question de la différence entre judaïsme et christianisme n’existait tout simplement pas » (p. 13). De plus, s’opposant quelque peu au titre d’une série d’ouvrages publiés par J.-P. Meyer entre 1991 et 2009, Boyarin estime que Jésus n’a rien d’un Juif marginal, encore moins dans son acceptation christologique, et que ce dernier est plutôt un Juif conservateur dont la pensée et les actions s’inscrivent dans les nombreux débats polémiques et spéculations internes au judaïsme de son temps, particulièrement en opposition aux innovations pharisiennes. Sans nier la créativité et l’originalité de Jésus et des premières communautés chrétiennes, il ne fait aucun doute dans l’esprit de l’auteur que les premiers écrits chrétiens et les prémices d’une réflexion christologique chrétienne sont une partie intégrante des spéculations messianiques et apocalyptiques internes au judaïsme de cette période comme il le souligne lui-même à de nombreuses reprises : « Toutes les idées sur le Christ sont anciennes : la nouveauté, c’est Jésus. Il n’y a rien de nouveau dans la doctrine du Christ, excepté l’affirmation que cet homme- est le Fils de l’Homme » (p.121-122).

Affirmer que Jésus était Juif n’a rien de nouveau, mais affirmer que le Christ, le Messie divin ou divino-humain, lui-même est Juif, c’est-à-dire que « les idées religieuses liées au Christ, identifié plus tard à Jésus, étaient déjà présentes dans le judaïsme » (p. 100), voilà l’originalité que désir apporter l’auteur à la recherche sur les origines du christianisme. Ainsi, pour Boyarin, « la christologie, à savoir les premières idées sur le Christ, est aussi un discours juif et ne fut pas du tout un discours antijuif, du moins avant longtemps. Beaucoup d’israélites au temps de Jésus attendaient un Messie qui serait divin et viendrait sur terre dans la forme d’un humain. Les pensées sous-jacentes fondamentales à partir desquelles la Trinité et l’incarnation se sont développées étaient déjà présentes dans le monde même où Jésus est né et dans lequel les évangiles de Marc et de Jean ont été écrits » (p. 17-18). Toujours selon l’auteur, de telles spéculations se retrouvaient également dans le Livre de Daniel lui-même repris et réinterprété, dans la littérature hénochienne et le 4e livre d’Esdras. Par conséquent, Boyarin persiste et signe en affirmant alors que les principaux éléments de la christologie chrétienne – un Messie divino-humain, le Fils de l’Homme, un Messie souffrant – « se situait entièrement à l’intérieur de l’esprit et des méthodes herméneutiques du judaïsme ancien et ne représentait en rien un éloignement scandaleux d’avec celui-ci » (p. 158).

Pour une critique détaillée de l’ouvrage, voir Peter Schäfer, professeur en études juives à l’Université Princeton : http://www.newrepublic.com/article/103373/books-and-arts/magazine/jewish-gospels-christ-boyarin)

Pour plus de renseignements sur les travaux de Daniel Boyarin, on consultera sa page personnelle sur le site de l’University of California : http://nes.berkeley.edu/Web_Boyarin/BoyarinHomePage.html.

Un compte-rendu de Steeve Bélanger

Daniel Boyarin, Le Christ juif : à la recherche des origines. Trad. de l’anglais par Marc Rastoin avec la coll. de Cécile Rastoin. Préface du Cardinal Philippe Barbarin, Paris, Cerf (coll. « Initiations bibliques »), 2014.

 

Nombre de pages : 190
ISBN : 9782204099585
Prix : 34,95 $ / 19 €

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