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« S’éduquer et s’entraîner à vivre ensemble » – Retour sur la rencontre annuelle du Ribât es-Salam entre chrétiens et musulmans

« S’éduquer et s’entraîner à vivre ensemble »
Retour sur la rencontre annuelle du Ribât es-Salam entre chrétiens et musulmans
Un texte de F. André*

Après la parution du film Des hommes et des dieux relatant l’histoire des sept moines trappistes de Tibhirine, l’idée a fait son chemin d’avoir une rencontre annuelle avec nos frères et sœurs musulmans de la confrérie soufie Alawiya. En Algérie, ce sont eux qui s’étaient fait proches de nos frères de Tibhirine et avaient tenu le premier Ribât es-Salam. Nous les avons donc invités et la réponse a tout de suite trouvé un écho chez eux ; ils étaient tout à fait favorables à cette rencontre pour une journée de partage et de prière. En 2011, des frères et sœurs soufis sont venus nombreux, accompagnés du guide spirituel de la confrérie, le cheik Khaled Bentounès. Certains d’entre eux sont venus directement de Médéa et deux d’entre eux qui connaissaient les moines de Tibhirine depuis 1971 avaient apporté des photos et des lettres de nos frères. Il y a eu des moments très émouvants.

Cette année, nous nous sommes retrouvés à l’Abbaye Val Notre-Dame, le vendredi 30 octobre 2015, une petite quarantaine de personnes (chrétiens et musulmans) autour du thème : « s’éduquer et s’entraîner à vivre ensemble ». Après un mot d’accueil à l’église abbatiale, nous avons pris le temps de faire connaissance. La prière de Sexte des moines a précédé le repas pris en commun dans le réfectoire des moines. Puis nous avons consacré deux bonnes heures à échanger en petits groupes sur le thème de la journée avant de nous retrouver à l’église pour une mise en commun de nos trouvailles respectives durant une autre heure.

Il est possible de vivre ensemble chrétiens et musulmans. Nos différences tendraient à nous laisser vivre en parallèle jusqu’à l’infini. Pourtant si nous prenons l’image d’une échelle où nous serions les deux montants de l’échelle, il nous revient de placer les échelons et de les gravir ensemble. Ce sont d’ailleurs ces actions communes qui nous font tenir ensemble et debout. L’un des participants qui venait pour la première fois et non sans appréhension ne cessait de répéter à la fin : « Je ne comprends pas comment nous sommes arrivés en si peu de temps à nous parler avec autant de profondeur et de liberté. Je ne comprends pas. » Ses peurs, ses préjugés étaient tombés et il avait fait l’expérience de rencontrer d’autres humains chercheurs de paix, d’amour, de vie, tout comme lui.

Nos racines adamiques communes font que nous nous retrouvons tous dans ce qui nous rend humains et capables de le devenir davantage. Après cet échange entre nous, nous avons pris le temps de porter tout cela devant Dieu. Les moines ont prié l’office de Vêpres dans leurs stalles; puis, sur des tapis déroulés dans l’église, les soufis ont prié à leur tour, en récitant la prière rituelle du soir, suivie de quelques chants propres à leur confrérie, accompagnés au son de l’oud joué par une sœur de la confrérie. Ensemble depuis 10 h 30, nous nous sommes quittés vers 18 h en nous promettant de tenir désormais deux rencontres par année. En 2016, ce sera le 20e anniversaire du martyre de nos sept frères de Tibhirine.

L’intuition du Ribât es-Salam (le Lien de la Paix) consistait à choisir en alternance un passage de l’une ou l’autre des Écritures, coranique ou biblique, d’essayer de le vivre et de l’incarner au quotidien avant de se retrouver pour mettre en commun ce vécu et prier en présence les uns des autres, chacun selon notre tradition. Ces rencontres sont toutes simples, modestes. Leurs premiers fruits germent d’abord dans le cœur des participant(e)s. Mais nous croyons que ce sont là des semences de paix et de joie qui rayonnent et apportent un peu de lumière dans notre monde.

*F. André, collaborateur spécial
Abbaye Val Notre-Dame (Saint-Jean-de-Matha)

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