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Les premiers pas avant de marcher: se préparer au pèlerinage

Visuel - Brigitte Harouni - Se préparer au pèlerinage

Dès l’instant où la décision de partir vivre un pèlerinage de longue randonnée est prise, tout un branlebas de combat se met en place. Comment organiser son bagage? Quel type de sac privilégier? Bottes ou souliers de marche? Gourde ou sac d’hydratation? Avoir des vêtements spécifiques? Quoi mettre dans la petite pharmacie? Prévoir un sac de couchage? Quel poids transporter? Apporter des bâtons de marche ou pas? Et s’il pleut, un poncho, un imperméable ou une pèlerine? S’entrainer, marcher plusieurs kilomètres avec son équipement? Qu’est-ce qui est nécessaire? Comment choisir? Les questions en matière de préparation et d’équipement sont nombreuses et les réponses sont aussi variées qu’il y a de pèlerins.

Cette première étape, qui peut paraitre bien loin du chemin intérieur à venir, est pourtant l’amorce de ce long cheminement spirituel. Ce temps de déstabilisation vient ébranler notre routine, mettant alors en lumière notre réel rapport à la vie. Au fil des questionnements, le futur pèlerin se révèle lentement à lui-même. Mû par ses peurs, ses craintes, ses appréhensions, il prend des décisions qui parlent de lui. Surgissent également, en sourdine, des questions plus profondes qui vaguement l’effleurent et le bousculent. Suis-je capable d’identifier ce qui sera bon pour moi? Pourquoi ai-je besoin de payer cher? Pourquoi me suis-je laissé convaincre? De quoi ai-je peur de manquer? Pourquoi? Qu’est-ce qui m’inquiète tant? Suis-je capable de faire confiance?

Afin de vous accompagner dans ce qui s’avère être la première étape du pèlerinage, dans l’organisation de vos préparatifs, nous tenterons, ici, de vous présenter l’essentiel du bagage pèlerin. Notre objectif n’est pas de vous donner les réponses à toutes ces questions pratico-pratiques, mais bien de vous offrir un éclairage susceptible de vous aider à concevoir vous-mêmes celles qui seront adaptées à la personne que vous êtes.

La ville d’Astorga, étape sur le Camino francés. | Crédit: Brigitte Harouni (2019)

Comment trouver botte à son pied?

De tous les éléments à considérer lors de la planification d’un pèlerinage, bien se chausser est de loin la priorité pour partir du bon pied. Pour le pèlerin se déplaçant à pied, faire le bon choix de chaussures est essentiel à la qualité et au plaisir de sa longue marche. Mais comment s’y retrouver avec la multitude de produits proposés?

Avant de faire un choix ou même d’essayer différents modèles, il faut se poser quelques questions :

  • Quel poids vais-je porter sur mon dos? Plus je porte de poids, plus il me faudra assurer un support additionnel au niveau des chevilles.
  • Quelle distance ou combien de temps vais-je marcher? Plus la durée est grande, ou plus la distance est longue, plus les qualités du produit choisi sont déterminantes en regard du confort et de l’efficacité dans mes déplacements.
  • Quel type de parcours vais-je faire? Le chemin sera-t-il plutôt escarpé? plat? rocailleux? asphalté? boueux?… Plus le parcours est accidenté, plus le support au pied (rigidité de la semelle et renfort à la cheville) est nécessaire pour assurer un bon équilibre, amoindrir les efforts des muscles du pied et le protéger des éventuelles blessures.

En fonction des réponses que vous avez données, sachez qu’en boutique l’ensemble des chaussures de randonnée que vous pourriez considérer pour votre pèlerinage se regroupe globalement en trois grandes catégories :

1. La chaussure de marche. Aucun support à la cheville, semelle épaisse, généralement en tissu synthétique : idéale pour les courtes randonnées sur un parcours peu accidenté. Le revêtement permet une bonne aération du pied, mais n’est pas imperméable.

2. La botte courte. Support léger à la cheville, semelle semi-rigide, revêtement plus résistant : idéale pour les randonnées de plusieurs jours sur des parcours moyennement montagneux, avec un sac à dos d’environ 10 kg. Plus rigide et plus chère que la chaussure de marche, elle est cependant plus confortable et imperméable. Plus légère et souple que la botte haute, elle offre une très bonne stabilité au marcheur.

3. La botte haute. Support renforcé à la cheville, semelle rigide, renforcement latéral, revêtement généralement en cuir : idéale pour la très longue randonnée sur des parcours accidentés et montagneux avec un poids de plus de 10 kg sur les épaules. Durable, fiable, imperméable et confortable, cette botte, souvent coûteuse, est cependant plus lourde et plus chaude que celles des deux autres catégories. Mais elle saura assurer une stabilité de mouvement et un confort à l’effort.

Maintenant que vous avez toutes ces informations, il est temps de passer en boutique et d’essayer des chaussures ou des bottes qui répondent à vos besoins. Quelques conseils lors de l’essayage :

  • Assurez-vous d’avoir de l’espace pour bouger vos orteils afin qu’ils ne touchent pas le bout de la botte lorsque vous êtes dans une descente.
  • Assurez-vous que votre talon reste bien fixé au fond de la botte lorsque vous marchez. S’il y a frottement, il y aura ampoule!
  • Assurez-vous qu’il n’y a pas de points de pression sur le pied ou des zones d’inconfort. Si le confort n’y est pas lors de l’essayage, il ne le sera assurément pas après plusieurs kilomètres de marche.
  • N’hésitez pas à essayer une pointure plus grande, en mettant deux paires de bas, sachant que les pieds ont tendance à enfler en fin de journée ou lors des journées plus chaudes.

Il existe une grande variété de modèles dans une même catégorie, alors n’hésitez pas à en essayer plusieurs pour trouver celui qui correspondra à la forme de votre pied. Le critère principal pour arrêter votre choix est le confort. Ce n’est pas la couleur, ni la marque, ni le prix! Votre chaussure devrait vous faire comme un gant!

Deux pèlerins marchants sur la grève en Gaspésie.
Bien se chausser est la priorité pour tout pèlerinage à pied. Ici, deux pèlerins marchant sur la grève à St-Anne-des-Monts, en Gaspésie. | Crédit: Brigitte Harouni (2018)

Mon sac à dos – un poids choisi

Entrer dans l’esprit du pèlerinage sous-entend une certaine austérité, qui n’est pas pour autant synonyme de privation héroïque. L’austérité du pèlerinage est davantage la recherche d’un minimalisme, une forme de désengorgement de nos vies trop bien remplies. Le pèlerin, transportant son bagage sur son dos, apprend à voyager léger. Cet apprentissage débute lors de la planification du bagage, et se poursuit et s’intègre une fois en marche.

Savoir choisir un sac à dos qui corresponde parfaitement à nos besoins est une tâche presque tout aussi importante que le choix des chaussures. Avant de choisir, deux questions s’imposent :

1. Que prévoyez-vous mettre dans votre sac?

Pour un pèlerinage de longue randonnée, le contenu de base est le suivant : une gourde ou un sac d’hydratation, deux kits de vêtement de marche, un kit de vêtement de fin de journée, un imperméable, un poncho ou une pèlerine, une paire de souliers pour la fin de journée, une trousse de toilette et une trousse de premiers soins. Puis, selon la saison, le parcours, la température et le type d’hébergement, peuvent s’ajouter : un sac de couchage ou un sac à viande, une serviette, des vêtements chauds, un maillot de bain, un chapeau, des gants… Une fois que vous avez précisé le contenu de votre sac, anticipez également un peu de place pour un éventuel lunch ou des petites collations en route. On entend souvent dire que le poids de votre sac ne devrait pas excéder 10 % de votre poids. C’est une bonne référence, mais l’idéal sera toujours de voyager le plus léger que possible. Pour cela, il faut éviter d’écouter ses peurs et abolir les « au cas où ». Le pèlerinage n’est pas un parcours en autonomie. Le pèlerin traverse des villages, des villes, et croise d’autres personnes en chemin qui pourront l’aider en cas de besoin.

Dans le sac à dos du pèlerin, on ne retrouve donc que l’essentiel. Et dans cet essentiel se trouvent aussi un carnet de route et un crayon. Pourtant peu utile pour se protéger de la pluie, pour panser une plaie, ou pour se réchauffer, ce petit poids supplémentaire est presque un impératif. Fidèle compagnon de route, confident silencieux, témoin du chemin intérieur, il accompagne le pèlerin tout au long de sa marche.

2. Quel confort recherchez-vous?

En magasin, la variété de sacs est infinie et leurs caractéristiques techniques diverses. On hésitera souvent à prendre un sac à dos volumineux, par crainte de trop le remplir. Mais lorsque le sac est trop petit, on tend à compresser son contenu et à accrocher du matériel à l’extérieur, ce qui n’est pas forcément mieux. De plus, sachez qu’un sac volumineux vide pèse plus lourd qu’un petit, mais il est souvent plus confortable, les points d’appui étant plus rembourrés. Une fois la capacité déterminée (qui devrait osciller entre 35 L et 50 L), le plus important est de prendre le temps d’en essayer quelques-uns, car un sac à dos est comme un vêtement, on trouve des tailles et des ajustements répondant à la physionomie de chacun. Prenez le temps de noter comment le sac se moule à votre corps. Comment repose-t-il sur vos hanches, votre dos, vos épaules? Est-il confortable? Puis, observez ses fonctionnalités. Le volume du sac, même s’il est important, n’est pas l’unique critère pour arrêter son choix.

Bien qu’il existe des recommandations, ultimement, le poids du sac à dos est un choix personnel. Il n’existe pas une seule bonne façon de faire. Chacun détermine ce qui lui apparait essentiel pour cette route qui est la sienne. Certains pèlerins porteront une guitare, un petit kit d’aquarelle, des jumelles d’ornithologie, un objet symbolique, un appareil photo sophistiqué… Cet essentiel de départ se transformera en chemin, à travers le questionnement, lorsque le poids du sac se fera trop sentir. Ce poids fait partie de l’expérience spirituelle que le pèlerin expérimentera à travers sa marche. Par ce poids, par le trop ou par le manque, il apprendra à se définir et à préciser qui il est.

Le choix du sac à dos peut se faire à l’aide de deux questions: que veut-on y mettre et quel confort cherche-t-on? Dans cette photo, prise aux Iles-de-la-Madeleine (La Grave), on peut noter la diversité des sacs. | Crédit: Brigitte Harouni (2019)

Pourquoi les bâtons de marche?

Marcher avec des bâtons est facultatif. Certains pèlerins n’en veulent pas. Ils les trouvent encombrants, bruyants ou considèrent qu’ils marchent déjà très bien sans eux. D’autres pèlerins n’en prennent qu’un. C’est alors parfois un bâton stylisé, en bois, travaillé, symbolique qui, bien qu’il soit plus lourd et moins compact, demeure aidant durant la marche. Puis finalement, il y a les pèlerins qui optent pour deux bâtons conçus expressément pour la marche. Pourquoi font-ils ce choix? Quels avantages à utiliser les bâtons?

1. Les bâtons rendent l’exercice de la marche plus complet[1], faisant en sorte que 80 % à 90 % des muscles du corps soient en activité.

2. En nous aidant des bâtons à chaque pas, nous répartissons le poids de notre charge. Les bâtons permettent au haut de notre corps de supporter jusqu’à 25 %[2] de notre poids, ce qui, considérant le poids du sac à dos, soulage considérablement l’effort fourni par nos jambes. Le haut du corps n’est plus une charge statique. Il devient un acteur dynamique qui contribue à faire avancer le corps en le propulsant vers l’avant. Tous les muscles du corps s’activent et se partagent la tâche pour faire progresser le poids. Nous sommes alors plus efficaces dans les montées. Et dans les descentes, la pression sur les genoux et les chevilles s’en trouve diminuée de 11 % à 34 %[3], ce qui contribue à protéger ces articulations qui sont souvent fragiles et sujettes aux blessures.  

3. Les bâtons sont un support, un point d’appui, qui permettent de garder l’équilibre à travers les inégalités du chemin. Ils contribuent ainsi à diminuer les risques de chute et de blessure.

4. Sans les bâtons, lorsque fatigués, nous avons tendance à nous agripper aux bretelles de notre sac. Le corps penche vers l’avant, les épaules se recourbent, la tête s’incline vers le sol. Les bâtons nous obligent à redresser le tronc, à maintenir la tête haute et les épaules droites. En plus de diminuer les tensions et les douleurs dans le haut du corps, cette posture favorise une meilleure respiration, ce qui améliore l’oxygénation de 20 % à 49 %[4], énergisant ainsi notre marche. Ressentant moins rapidement la fatigue, nous avançons plus vite et cheminons plus longtemps.

5. Marcher avec les bâtons permet de garder les bras actifs et en hauteur, ce qui a pour effet de diminuer l’enflure et l’engourdissement des mains.

6. Les bâtons donnent du rythme à la marche. Leur bruit pulse dans tout le corps et donne la cadence à suivre. Les bras, les jambes et la respiration s’activent, inconsciemment, en harmonie. Même l’esprit se laisse pénétrer par ce mantra qui l’entraine dans un état méditatif.

7. En étant créatif, les bâtons peuvent aussi être très utiles durant le voyage : piquets pour aménager un petit coin d’ombre, corde à linge pour sécher le lavage, arme pour chasser un indésirable, canne pour récupérer un objet hors de portée…

Les bâtons de marche sont un des indispensables pour toute personne souhaitant entreprendre un pèlerinage. Ils sont la baguette de chef d’orchestre du pèlerin: ils font travailler tous les muscles de notre corps en rythme et en harmonie! La symphonie corporelle qu’ils génèrent favorise un mieux-être tant physique[5] que spirituel, et fait même oublier le temps et les kilomètres qui passent!

Les bâtons de marchent possèdent plus d’une utilité, comme celle de répartir le poids de notre charge. Sur cette photo, prise dans la ville de León, en Espagne, tous les marcheurs en possèdent, mais tous ne les utilisent pas.| Crédit: Brigitte Harouni (2019)

S’entrainer ou pas?

La réponse à cette question peut varier selon l’état général de votre santé physique, de votre pratique de marche et des conditions encadrant le pèlerinage anticipé (durée, kilométrage, dénivelé, etc.). Et, bien que l’effort physique de la marche ne soit pas très exigeant, il est bon de développer une routine de marche avant de partir en pèlerinage, car c’est dans sa répétition que cet exercice viendra user le pèlerin. Alors, s’entrainer oui, mais à quoi et comment?

  • Inéluctablement, s’entrainer pour user lentement vos chaussures neuves avant le grand départ; faire de courtes distances pour qu’elles s’assouplissent et épousent graduellement la forme de votre pied.
  • Marcher, à quelques reprises, avec le sac et les bâtons, pour tester l’équipement et s’y habituer dans un contexte réaliste. Ces petits échantillons de journées pèlerines permettent de questionner la pertinence de chaque chose et d’y apporter les premiers ajustements nécessaires avant le grand départ.
  • Marcher régulièrement, quelques minutes, pour se donner une routine de marche et commencer à habituer son corps à la répétition de cet exercice.
  • S’entrainer dans l’espoir d’éviter la souffrance physique occasionnée par le pèlerinage. Marcher en étant attentif aux signaux envoyés par le corps, pour apprendre à reconnaitre, respecter et accepter ses limites. C’est une préparation à la forme physique qui passe avant tout par l’esprit, un processus de complémentarité qui se peaufinera en marchant.

Ainsi, bien qu’il soit pertinent de s’entrainer, nulle question ici de faire le pèlerinage avant même d’être parti. L’objectif de cet entrainement physique est de permettre au corps de s’accoutumer à cette ritournelle que sera prochainement la marche pour lui. La fréquence prime donc ici sur la distance parcourue. La forme physique s’améliorera d’elle-même à travers la pratique régulière. Et elle se poursuivra et se consolidera bien plus encore lorsque vous serez en pèlerinage. Il faut se rappeler que même si le pèlerinage demande du dépassement de soi, ce n’est pas un défi sportif en soi, et encore moins une compétition!

Le pèlerinage se vit un jour à la fois, un pas à la fois. C’est un défi personnel auquel nul ne saurait être réellement préparé. Les difficultés physiques surmontées les premiers jours forgeront les forces qui se consolideront ainsi chaque jour, tout au long du chemin. Ce qui nous semblait épuisant, forçant et long les premiers jours, deviendra rapidement un piètre défi au bout d’une semaine. La personne que nous sommes au début se transforme physiquement et psychiquement avec l’effort et la douleur. À chacun son rythme! Alors, profitez de la route, prenez des pauses santé, savourez le paysage, ralentissez et jouissez du moment présent. Un vieux proverbe dit bien : « qui veut aller loin, ménage sa monture ».

La fréquence de la marche en guise d’entraînement est plus importante que la distance parcourue. Nulle question de faire le pèlerinage avant même d’être parti. Ici, deux personnes assises au sol regardent au large des Iles-de-la-Madeleine (Ile Boudreau) | Crédit: Brigitte Harouni (2019)

Conclusion

Préparer un pèlerinage, c’est se retrouver avant même de partir, confronté à la part d’inconnu qui nous attend dans cette aventure. Le réel défi du pèlerin est alors de ne pas se laisser engloutir par la vague de marketing d’identité pèlerine qui abuse des peurs pour créer des besoins et nourrir davantage l’angoisse générée par les impondérables du chemin. Il est facile de se laisser prendre dans ce tourbillon mercantile qui vous fera croire qu’être bien préparé signifie tout simplement d’être équipé avec du matériel dernier cri, ultraléger, performant et griffé.

Le pèlerinage appelle à un vivre autrement qui passe par l’être bien plus que par l’avoir. Partir pèleriner c’est accepter de se laisser déplacer tant physiquement que psychiquement, et ce déplacement commence dès l’instant où l’on décide de s’engager dans un pèlerinage. Une part de la préparation est d’accepter que tout ne puisse pas être planifié ou anticipé, que tout ne sera pas tel que prévu et qu’il y aura des moments qui seront difficiles. Se préparer demande de savoir reconnaitre ses propres limites, non pas uniquement physiques, mais surtout mentales : jusqu’où vais-je aller pour tenter de contrôler cette expérience que je désire vivre? Sur quoi dois-je apprendre à lâcher prise?

Ces imprévus, souvent sources de désorganisation et de souffrance, incitent aux ajustements et à l’adaptation. Un apprentissage qui sera propre à chacun et duquel naitra la sensation d’avoir une pleine liberté de choisir. Suis-je plus pèlerin si j’ai un sac à dos minimaliste? Puis-je porter un sac plus lourd? Puis-je partir avec moins? Devrais-je porter ces bottes qui sont si belles? Puis-je pèleriner en sandales si je suis plus confortable? Suis-je moins pèlerin si je chemine avec mon cellulaire? Suis-je moins pèlerin si je ne marche que 15 km par jour? Suis-je moins pèlerin si je m’autorise une journée de repos? Si je fais porter mon sac? Tous les choix que vous devez faire ne comportent ni bonne ni mauvaise réponse. Si c’est votre choix, alors c’est le bon pour vous. Il sera toujours possible de le modifier lorsque le besoin se fera sentir.

Le pèlerin bien préparé partira tel qu’il est, selon ce qu’il croit juste. Par l’expérience du chemin, il se laissera dépouiller de ses surplus et de ses insécurités. C’est par le trop et le manque que l’apprentissage se passe. C’est parce qu’il aura eu ce surplus dans son sac à dos qu’il aura pu en apprendre sur lui-même, qu’il aura pu questionner le trop-plein de sa vie, ses attachements et ses peurs. C’est parce qu’il aura fait des ampoules aux pieds ou qu’il aura vécu des élancements dans les genoux qu’il aura pu réfléchir sur sa manière d’être à la vie. Le pèlerinage est une expérience qui offre de belles occasions de s’observer et de s’ouvrir. Pour s’y préparer, une seule question demeure : qu’est-ce qui est bon pour moi aujourd’hui? Tout le reste, vous le découvrirez en chemin.

Brigitte Harouni
Codirectrice de Bottes et Vélo – Le pèlerin dans tous ses états!

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Des marcheurs dans un boisé, en Gaspésie.
Pèlerinage aux Iles-de-la-Madeleine (Grande Entrée) | Crédit: Brigitte Harouni (2018)

[1] Voir la thèse : Baptiste Fournier. 2018. Effets et implantation d’un programme communautaire de marche avec bâtons destiné aux aînés. Thèse de doctorat en kinésiologie, Université de Montréal. p.12. [en ligne] (consulté le 10 février 2020).

[2] John Wilson et al. 2001. “Effects of walking poles on lower extremity gait mechanicsMedicine and Science in Sports and Exercise. Volume 33, Issue 1. p. 146.

[3] Baptiste Fournier. 2018. Effets et implantation… p.14.

[4] Voir Marja-Leena Keast, « La marche nordique : une nouvelle technique d’exercice à faible impact pour les patients en réadaptation cardiaque » [en ligne] (consulté le 10 février 2020).

[5] Prévost-Hénot, Guenièvre (2016). Marche nordique dans les clubs de la Fédération Française d’Athlétisme : quels bénéfices pour la santé des adultes et des séniors? Thèse en Médecine générale, Université Toulouse lll – Paul Sabatier.

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