Ebola et l’hypothèse du rituel contagieux Reviewed by Hugues St-Pierre on . Je lisais dans un article du quotidien Le Devoir daté du 31 décembre dernier que l’accalmie tant espérée de l’épidémie d’Ebola n’aura peut-être pas lieu. En eff Je lisais dans un article du quotidien Le Devoir daté du 31 décembre dernier que l’accalmie tant espérée de l’épidémie d’Ebola n’aura peut-être pas lieu. En eff Rating: 0
Vous êtes ici:Accueil » Blogues » Ebola et l’hypothèse du rituel contagieux

Ebola et l’hypothèse du rituel contagieux

Je lisais dans un article du quotidien Le Devoir daté du 31 décembre dernier que l’accalmie tant espérée de l’épidémie d’Ebola n’aura peut-être pas lieu. En effet, on pouvait y lire que de nouveaux foyers d’infection se développaient en Sierra Leone. Trois foyers faisaient alors apparition dans l’est du pays après avoir enregistré une baisse de cas depuis quelques semaines. Pourquoi de nouveaux cas? « Selon Aminata Sesay, agente de santé de la région, la résurgence des contaminations pourrait s’expliquer par le lavage rituel des corps des victimes avant l’inhumation, une pratique à risque dans la transmission du virus, les cadavres étant particulièrement contagieux. Cette situation “est la faute de quelques personnes” qui font fi des consignes anti-Ebola, a avancé Mme Sesay ». Cette hypothèse n’est pas nouvelle et les consignes pour empêcher la propagation non plus. Le contact avec les morts était prohibé, car le virus est très volatil. Cependant, l’article (et ailleurs sur le Web) n’en parle pas davantage, mais il semble qu’il y aurait là matière à réflexion…

Photo : AFP / Francisco Leong

Photo : AFP / Francisco Leong

En cas d’épidémie, il serait peut-être pertinent de recourir à des anthropologues pour mieux comprendre les pratiques des communautés, qu’elles soient rituelles ou hygiéniques, et ainsi mieux comprendre les sources et autres vecteurs de la maladie. Appréhender différemment l’action humaine derrière la propagation d’un virus permettrait peut-être, à mon avis, une meilleure coordination de changements de comportement. Une interdiction par des consignes théoriques ne découragerait pas la force d’une croyance, source de motivation à l’action. Dans la présente hypothèse, un rituel de nettoyage du corps des morts serait en cause. Sans vouloir affirmer que c’est le cas ici, mais généralement, la pratique de rituels mortuaires est inhérente à un lot de croyances sur l’après-vie. Autrement dit, s’il y a telle ou telle pratique, c’est qu’il y a une croyance religieuse, spirituelle ou à la limite, une conviction éthique. Les croyances sont une source d’agissements. Tenter d’empêcher une pratique c’est tenter d’empêcher une la mise en application d’une croyance. Si la foi en un au-delà nécessite, aux yeux du croyant, une préparation du corps du défunt, il est compréhensible qu’une politique d’hygiène risque difficilement d’empêcher réellement les actions qui y sont reliées. Pourquoi prendre le risque d’une contamination? Peut-être pour le salut de l’âme du proche décédé.

En management, les plus récentes théories de changements organisationnels convergent vers le principe qu’il existe de meilleurs moyens de changer un comportement que d’obliger à le cesser. Avec une meilleure compréhension de l’acte ciblé, il est plus aisé de comprendre ce qui pourrait encourager à sa cessation, aussi temporaire soit-elle. En gestion du changement, il est admis que la clé, c’est la communication. Une communication à double sens. Évidemment, je ne suis pas médecin et encore moins spécialiste d’épidémiologie et il y a urgence d’agir pour limiter les dégâts, mais il me semble qu’une personne pourrait s’assoir avec les citoyens des pays touchés par l’Ebola pour mieux déterminer les actions humaines à prendre. Les anthropologues ont le profil de l’emploi : c’est leur travail de se mettre dans le monde et de saisir l’être humain.

Toutefois, une autre hypothèse de l’apparition de nouveaux foyers d’épidémie met en cause des chauves-souris insectivores. Un enfant aurait été mordu et aurait été le point de départ de l’épidémie. Je comprends pourquoi Batman a peur de ces animaux nocturnes!

Mini Batman

A propos de l'auteur

Cofondateur

Hugues St-Pierre est diplômé en philosophie ainsi qu’en sciences des religions, programme dans lequel il poursuit aujourd'hui à la maîtrise. Ses intérêts sont principalement orientés vers les analyses discursives, la sexualité et les phénomènes religieux contemporains. Un faible penchant pour la philosophie et l'anthropologie des religions se fait aussi sentir. En tant qu'homme d'idée, Hugues St-Pierre est toujours sur la route de l'univers des possibles à la recherche de projets ambitieux. Il est, entre autres, l'instigateur et l'un des quatre cofondateurs du site Internet de LMD.

Nombre d'entrées : 34

Laisser un commentaire

Retour en haut de la page