Appel à la vigilance rhétorique : islamisme versus Occident Reviewed by Hugues St-Pierre on . Mathieu Bock-Côté affirme sur son blogue que « La réalité est plus brutale: l’islamisme est en guerre contre l’Occident » [1]. Dans une certaine mesure, il a ra Mathieu Bock-Côté affirme sur son blogue que « La réalité est plus brutale: l’islamisme est en guerre contre l’Occident » [1]. Dans une certaine mesure, il a ra Rating: 0
Vous êtes ici:Accueil » Blogues » Appel à la vigilance rhétorique : islamisme versus Occident

Appel à la vigilance rhétorique : islamisme versus Occident

Mathieu Bock-Côté affirme sur son blogue que « La réalité est plus brutale: l’islamisme est en guerre contre l’Occident » [1]. Dans une certaine mesure, il a raison[2]. Que ce quoi Al-Quaïda ou ISIS, nos contrées occidentales sont effectivement la cible de menaces et d’attentats. Toutefois, ne pas nuancer et omettre (volontairement ou pas) des réalités qui me paraissent pourtant élémentaires est réducteur. Dans ce cas-ci, si on ne se limite qu’à la phrase, il y a une énorme lacune factuelle, à savoir que l’islamisme ne vise pas que l’Occident. En effet, comme le rappellent les plus récents actes du fou furieux Boko Haram, l’islamisme peut en avoir après son propre peuple. Près de 2000 personnes auraient été massacrées dans un village pour des raisons gratuites et absurdes. C’est beaucoup plus que les victimes françaises des derniers jours. N’oublions pas aussi le célèbre mais éphémère mot-clé #BringBackOurGirls, qui visait à interpeller et à conscientiser la population, les médias, les organisations humanitaires et les politiciens au sujet des 200 jeunes filles kidnappées par Boko Haram et ses amis armés. Le drame islamiste ne concerne pas que l’Occident. La population syrienne et irakienne a aussi été massacrée… Al-Qaïda et ISIS ne sont pas doux avec leurs frères et sœurs, qu’ils soient musulmans ou pas.

Bock-Côté est sûrement conscient que l’islamisme est violent avec tout le monde. Mais son énoncé a pourtant des effets sur le discours qui, à son tour, a des effets sur les lecteurs et sur leur compréhension de l’information consommée.

Sans vouloir entrer dans un débat à la saveur de «  qui pisse le plus loin » en matière d’affirmations factuelles et d’analyse linguistique, j’aimerais simplement donner un avertissement aux lecteurs et aux lectrices de certains journaux. Même si un texte est bien écrit par des chroniqueurs, que la langue est bien articulée et que les idées semblent se tenir, il faut être vigilant et attentif : ne pas tenir pour acquis tout ce que ces gens de tribune affirment. Autrement dit (et je m’excuse pour mon ton moralisateur), lorsqu’un chroniqueur, un journaliste ou un professeur d’université affirme quelque chose dans un certain style et dans une certaine forme, cette affirmation n’est pas a priori la réalité exacte. Cet appel à la vigilance est aussi valable pour mes propres articles et ceux de mes collègues LMD. Un texte est, et sera toujours, une reconstruction d’une réalité. Chaque production écrite, visuelle et audio possède son regard, son angle et son génie propre. Ce dernier est à voir comme une sorte d’architecte qui a des présupposés, des connaissances limitées, des opinions. La construction d’une phrase (sujet – verbe – complément) est lourde d’influence discursive et même cognitive. Chaque individu forge ses propres aptitudes de perception et ses propres opinions. Une phrase simple peut être comprise différemment par autant de lecteur. En rédaction, il est nécessaire d’être le plus clair possible. Il faut être stupid proof, comme me le répétait à la blague l’une de mes anciennes patronnes et s’arranger pour qu’un texte soit le plus précis possible.

Par ailleurs, l’islamisme n’est qu’un mot, un instrument des fous. Le vrai problème est politique, idéologique, voire psychologique. Les fous armés versus les gens innocents, voilà l’enjeu. Ce n’est pas juste l’islamisme contre l’Occident, mais contre l’humanité.

[1] Sans oublier qu’il affirme aussi que nous sommes toujours en train de nous accuser d’être la cause de nos malheurs. À ce sujet, lire la démolition d’une telle attitude par Simon Jodoin du Voir.

[2] Rappelons la distinction entre islam et islamisme. L’islam est une religion, l’islamisme est une compréhension de l’islam comme idéologie politique. Voir à ce sujet le texte d’Oliver Roy « Islamisme, fondamentalisme et néo-fondamentalisme : de quoi parle-t-on? ».

A propos de l'auteur

Cofondateur

Hugues St-Pierre est diplômé en philosophie ainsi qu’en sciences des religions, programme dans lequel il poursuit aujourd'hui à la maîtrise. Ses intérêts sont principalement orientés vers les analyses discursives, la sexualité et les phénomènes religieux contemporains. Un faible penchant pour la philosophie et l'anthropologie des religions se fait aussi sentir. En tant qu'homme d'idée, Hugues St-Pierre est toujours sur la route de l'univers des possibles à la recherche de projets ambitieux. Il est, entre autres, l'instigateur et l'un des quatre cofondateurs du site Internet de LMD.

Nombre d'entrées : 34

Commentaires (2)

  • Mickael

    Comment appelait on un résistant lorsque la France était occupée ? Comment appelle on un arabe qui se défend de l’exploitation de son pays ? Et surtout apprends l’étymologie de sophiste, tu en apprendras sur toi même… Une rhétorique est exactement ce que tu t’emplois à renommé de manière sophiste et obscurantiste … La LQR c’est pour les minables inculte et la PNL est pour les robots à la pensées artificielle …

    Répondre
    • Monsdeorum

      Il serait pertinent, pour le bonheur et le dialogue de tous et de toutes, de clarifier votre propos et d’opter pour un ton plus jovial. Car l’enchaînement de vos phrases est incompréhensible et le ton, inutile. L’auteur de ce billet pourra ainsi mieux vous répondre. Merci de votre compréhension.

      Répondre

Laisser un commentaire

Retour en haut de la page