Des chefs religieux et politiques condamnent l’attentat contre Charlie Hebdo
Depuis mercredi dernier, jour d’attentat aux locaux du journal Charlie Hebdo, plusieurs chefs religieux et politiques ont condamné l’acte meurtrier et offert leur support aux familles des défunts et aux survivants. Parmi eux, on compte l’Église catholique de France et de Québec,
L’Église catholique invite à la fraternité
Conférence des Évêques de France a exprimé « sa profonde émotion et l’horreur que provoque l’attentat perpétré au siège du journal Charlie Hebdo ». La Conférence a aussi adressé ses pensées « aux familles et aux proches des victimes qui se trouvent face à l’horreur et à l’incompréhension ». Selon la Conférence, « l’attentat a touché à la liberté d’expression, élément fondamental de notre société ». L’Église de France appelle ainsi à une construction de la paix et de la fraternité.
En communion avec son homologue française, l’Église catholique de Québec (ECDQ) « condamne et rappelle l’exigence de la fraternité ». En retraite avec les évêques du Québec, le Cardinal Cyprien Lacroix a affirmé mercredi dernier qu’il porte dans ses prières la famille de Charlie Hebdo. « Tuer au nom de Dieu est une horreur indicible », a-t-il dit par le biais d’un communiqué. Par ailleurs, la Fête interculturelle de l’Église catholique de Québec a souligné ce dimanche 11 janvier les événements tragiques de la semaine en France et ailleurs dans le monde.
Des musulmans condamnent les attentats
Charlie Hebdo. C’est le cas, entre autres, du président de l’association régionale des Musulmans (Saguenay), Mustapha Elayoubi, qui a affirmé devant une assemblée de fidèles et de journalistes que « le Prophète n’a besoin de personne pour le venger ». Selon lui, le Prophète n’a pas besoin de groupes sauvages comme ceux qui sont responsables pour ce qu’on observe en France. Il a invité les musulmans à retourner aux sources du Coran dans le but de livrer un message différent que celui de l’exclusion et des sauvageries. « Ce n’est pas notre religion qui a fait ça, a-t-il dit. C’est condamnable ce qui s’est passé au Québec et en France. » Il s’est aussi porté défenseur de la liberté d’expression et a souligné l’existence de moyens autres que celui de la violence pour répondre à des dessins pouvant être offensant.
Le Hezbollah a aussi condamné les attentats. Selon l’organisation politique parfois critiquée pour l’existence de sa branche armée, les djihadistes sont plus nuisibles à l’islam que les caricatures du Prophète. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a dit qu’« il est plus que nécessaire de parler du Prophète en raison du comportement de certains groupes terroristes qui se revendiquent de l’islam ». Dans un discours télévisé, il a aussi affirmé qu’« à travers leurs actes immondes, violents et inhumains, ces groupes ont porté atteinte au Prophète et aux musulmans plus que ne l’ont fait leurs ennemis […], plus que les livres, les films et les caricatures ayant injurié le Prophète »
Soulignons au passage la publication de dessins par plusieurs médias et par des particuliers du monde musulman, comme celui-ci du journal Al Ahkbar :
Obama signe le cahier de condoléances
Jeudi dernier, le président américain Barack Obama s’est rendu à l’ambassade de France à Washington pour y signer le cahier de condoléances et ainsi rendre hommages aux victimes de l’attentat contre le journal. On peut y lire : « Au nom de tous les Américains, je fais part aux Français de notre solidarité après cette terrible attaque terroriste à Paris. En tant qu’alliés à travers les siècles, nous sommes unis avec nos frères français pour nous assurer que justice soit faite. Nous avançons ensemble, convaincus que la terreur ne vaincra pas la liberté et les idéaux qui sont les nôtres, les idéaux qu’illumine le monde. Vive la France! »
La présence de François Hollande fait sourire
Lors de la marche républicaine d’hier, le président français François Hollande en a fait rire plus d’un lorsqu’un excrément d’oiseau est tombé sur sa manche. Après avoir marché avec des chefs d’État en réunion contre le terrorisme, le président a fait part de son soutien auprès des proches des victimes et aux survivants. C’est à ce moment qu’un oiseau y a laissé sa marque, ce qui n’a pas manqué de faire rire Luz, un dessinateur de Charlie Hebdo
Le clan Le Pen crée un malaise
En s’affichant publiquement en faveur de l’existence Charlie Hebdo et en faisant cavalier seul lors du rassemblement républicain de dimanche dernier en prétextant que son parti y a été exclu, la politicienne Marine Le Pen a créé un malaise politique. Ce dernier provient du fait que le Front National, parti de Marine Le Pen, peut être qualifié d’ennemi de Charlie et du fait que Le Pen a aussi été critiqué pour son opportunisme politique. Le malaise a aussi été alimenté lorsque le père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen, a publié sur Twitter une photo invitant les gens à voter pour sa fille.
Des critiques persistent
Malgré la teneur des événements, certaines personnalités font part de leur réserve quant au soutien inconditionnel de plusieurs milliers de personnes à Charlie Hebdo. En effet, il est possible de lire sur les réseaux sociaux et quelques médias un rappel réflexif concernant la position éditoriale de Charlie. Cette dernière est considérée comme ayant été souvent irrespectueuse à l’égard des religions. C’est le cas de Tariq Ramadan, célèbre intellectuel musulman, qui condamne l’attaque contre Charlie, mais qui refuse la prise de position « Je suis Charlie ». Les critiques soulignent ainsi l’idée que la liberté d’expression devrait avoir certaines limites.