L’imam controversé Hamza Chaoui n’aura pas son centre communautaire
Le controversé imam Hamza Chaoui n’aura vraisemblablement pas de sitôt son centre communautaire islamique dans l’est de Montréal. L’imam, connu pour ses propos à l’encontre des femmes et des gais, n’aurait pas fait la demande de permis d’occupation nécessaire auprès de l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Le maire de l’arrondissement, Réal Ménard, a indiqué qu’il refusera d’en délivrer un pour s’il y a une demande.
Selon M. Ménard, les lieux de culte ne sont pas permis dans le secteur visé par l’imam. Il souhaite d’ailleurs créer des outils pour agir dans un tel contexte. « Ces outils réglementaires vont passer par une meilleure définition des activités communautaires, a indiqué à la Presse canadienne M. Ménard. On va proposer la nature des activités communautaires et ça va exclure toute la question de l’enseignement religieux. Il y a des endroits pour le faire, mais pas dans le cadre des activités communautaires. La mesure gèlera toute demande d’obtention d’un certificat d’occupation pour un centre communautaire », a-t-il précisé. Son but est de freiner les projets de M. Chaoui.
Le maire de Montréal, Denis Coderre, a donné son appui au maire Ménard, en précisant que cette situation n’a rien à voir avec la religion. Pour M. Coderre, l’imam serait un agent de radicalisation. Les deux maires disent d’ailleurs craindre pour la « sécurité des Montréalais ».
Une décision inconstitutionnelle?
L’idée de bloquer l’imam Chaoui ne fait pas l’unanimité. D’après l’avocat spécialisé dans les questions de libertés individuelles, Julius Grey, la décision de la Ville pourrait être contestée en cour. Il affirme que le terrain visé par le centre communautaire Ashabeb respecte le zonage et que la Ville va au-delà de son mandat en refusant l’octroi d’un certificat dans le but d’empêcher l’expression d’une opinion. « Il faut limiter les pouvoirs des municipalités en ce qui a trait à la sécurité nationale. Le but d’une municipalité, c’est de contrôler le territoire. Il ne faut pas que ce pouvoir devienne un troisième pouvoir qui peut nous contrôler dans la façon de vivre », a-t-il confié à Radio-Canada.
Deux poids, deux mesures?
L’imam a répondu ne pas être un « agent de radicalisation » comme le croit Denis Coderre. Interrogé par le quotidien La Presse, Chaoui a affirmé qu’il exerçait tout simplement sa « liberté d’expression », que ce soit sur Facebook ou devant des fidèles. Sous le couvert de l’anonymat, une connaissance de l’imam Chaoui a confié à Radio-Canada que les propos de l’imam qui circulent dans les médias ont été déformés. Il déplore aussi l’idée que le Prophète Mahomet et les musulmans peuvent être ridiculisés par liberté d’expression, mais que cette même liberté d’expression soit limitée lorsque M. Chaoui dit que l’Islam n’est pas compatible avec la démocratie. « C’est deux poids, deux mesures d’habitude avec les musulmans », a-t-il dit.