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SILQ 2016 : Le religieux bien représenté?

SILQ

Lors du Salon international du livre de Québec 2016 (SILQ), LMD a eu la chance et le plaisir de déambuler à travers des milliers de livres et des centaines d’auteurs présents pour l’occasion. Une question s’était posée à moi avant même d’y mettre les pieds : « le religieux et le spirituel y sont-ils bien représentés? ». Mon constat : Oui! Voici un petit retour de mon passage pour l’édition 2016 du SILQ.

Un spirituel « mainstream » conspirationniste et fantastique

evangile heretiqueLe spirituel et le religieux étaient avant tout bien présents dans la littérature de fiction « mainstream », surtout sous des airs conspirationnistes et/ou fantastiques. Par conspirationnistes, j’entends là les bouquins qui ont pour fil conducteur, par exemple, un super secret millénaire caché par le Vatican et dont le personnage principal au cœur vaillant se donnera comme mission quasi prophétique de le mettre au grand jour et discréditer l’Église catholique. Au mégakiosque du distributeur ADP, le libraire et auteur Danny Émond – dont je vous conseille sans aucune gêne le recueil de nouvelles Le repaire des solitudes, publié chez Boréal – m’a affirmé que depuis la publication du Da Vinci Code de Dan Brown, en 2003, le thriller politico-religieux a été popularisé. Le politico-chrétien et les sociétés secrètes représentent une niche très intéressante pour les auteurs et les maisons d’édition. Un filon bien lucratif. À ce sujet, D. Émond a d’ailleurs parlé de production industrielle. Maxim Chatham (La Trilogie du mal), Steeve Berny (La prophétie Charlemagne, Le Temple de Jérusalem) et Adrien Dawson (L’évangile hérétique) sont quelques noms parmi d’autres qui étaient bien en vue chez ADP.

Dans l’ensemble, beaucoup de romans adultes et jeunesses semblaient baigner dans le fantastique, où la magie et les mythes prennent une très grande place : histoire de vampires, de fantômes, de don de voyance, etc. L’un des représentants majeurs dans le genre est évidemment la maison d’édition ADA, qui s’en fait une spécialité, de pair avec les ouvrages de nouvel âge et de croissance spirituelle.

ADA couvrait une double surface très imposante| Photo : Steeve Bélanger (LMD)

Une « spiri-pop » bien présente

Les éditeurs ancrés dans le bricolage spirituel (c’est-à-dire les spiritualités qui empruntent à plusieurs traditions religieuses, spirituelles et philosophiques), le nouvel âge et la croissance personnelle ésotérique occupaient une bonne partie de la superficie du Centre des congrès de Québec. ADA et Dauphin Blanc, deux joueurs majeurs dans ce qu’on peut surnommer la « spiri-pop » (homologue spirituel de la psychopop), avaient des kiosques imposants. À leur ampleur, on ne pouvait aucunement les manquer! Cartes de tarot, livres sur les anges, sur l’au-delà, sur les chakras, etc. Tout y était, incluant des ouvrages de bricolages religieux qui mélangent, par exemples, des savoirs hindouistes, amérindiens, chrétiens ou autres. (J’ai pu cibler quelques ouvrages sur les extra-terrestres, mais pas beaucoup.)

Le Dauphin Blanc, éditeur majeur dans le domaine du nouvel âge et de la croissance spirituelle, était au rendez-vous dans un kiosque imposant | Photo : Steeve Bélanger

Quelques ouvrages disponibles chez Le Dauphin Blanc | Photo : Steeve Bélanger

On pouvait d’ailleurs trouver du religieux chez les éditeurs mainstream. Par exemple, chez Pocket, j’y ai trouvé sans surprises des auteurs comme Khalil Gibran et Mathieu Ricard. Ou encore, chez First, il y avait sa collection « Pour les nuls » où on pouvait trouver des livres sur la Bible, l’islam, le bouddhisme, le Coran. Chez First, il y avait aussi des guides de méditation. Notons la présence du Catéchisme de l’Église catholique et de la Bible non loin des livres de Mathieu Ricard chez ADP.

Catholicisme et autres spiritualités

Mentionnons au passage la présence de Médiaspaul et Bayard-Novalis, principaux acteurs dans l’édition d’ouvrages spirituels et religieux, dont une majorité est d’orientation catholique. L’histoire de la religion au Québec était aussi bien présente chez d’autres éditeurs, comme chez Septentrion avec, par exemple, les livres Le Montréal juif entre les deux guerres d’Israël Medresh ou Les communautés religieuses au Québec. Il était une fois la foi de Madeleine Lavallé et Pierre Valcourt. Plus discrètement chez GID, on a pu feuilleter le livre de Denis Robitaille et de deux photographes Mémoires d’un Monastère. Regard sur le quotidien des Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec. Même PUF avait plusieurs ouvrages sur diverses religions. Les différentes presses universitaires québécoises proposaient également de nombreux ouvrages sur la réflexion de la place de la religion au Québec, l’enseignement du religieux dans les établissements d’enseignement québécois et le débat sur la laïcité qui retient l’attention de l’actualité depuis plusieurs années.

Médiaspaul

Mentionnons la présence du kiosque de Provesta, compagnie spécialisée dans l’édition et la distribution des ouvrages d’Omraam Mikhaël Aïvanhov – maître ésotérique fondateur de la Fraternité blanche universelle –, et dont la présence m’a agréablement surpris. J’y ai appris qu’il y avait de nouvelles publications de l’auteur, décédé depuis belle lurette. Il s’agit principalement d’anciennes conférences retranscrites. Sans tous les nommer, mentionnons aussi la présence de petits éditeurs œuvrant dans le créneau du spirituel, comme Première chance/Apothéose ou les Éditions du Tullinois.

Prosvesta SILQ 2016

Un religieux subtil là où on s’y attend le moins

Bulle SILQ 2016Le religieux était aussi présent là où je m’y attendais le moins. Par exemple, chez Berber 13-13, la série BD Bulle raconte l’histoire de la fin du monde causée par le virus « grippe Z ». D’après le coscénariste Jean Philippe, lui et son collègue Damien ont puisé des idées pour leur histoire dans plusieurs religions, mais aussi dans les théories conspirationnistes en vogue au Québec ou encore dans des croyances populaires comme celle de l’Ère du Verseau. L’une des principales sources d’inspiration serait d’ailleurs la théosophie. De plus, quelques tomes de la saga portent le titre de « La Genèse », où l’idée derrière serait celle d’un nouveau monde à venir. Une belle découverte et une belle rencontre. Notons au passage que Jean Philippe est bachelier en enseignement secondaire de l’histoire et de l’éthique. Sa formation a sûrement déteint sur sa création…

Aski-i Une autre belle surprise était du côté de l’éditeur Moelle Graphique, spécialisé dans la bande dessinée québécoise, dont la plupart sont reliées à la main. Je vous le garantis, leurs produits de faibles tirages sont d’une excellente qualité. La religion y est présente dans la BD satirique Les Versets satiriques de Réjean Gariépy. Bien entendu, l’ouvrage est humoristique et s’attaque librement au catholicisme québécois et à la Bible. La spiritualité autochtone est aussi représentée dans le magnifique Aski-i de Christian Quesnel, qui raconte, à l’aide de tableaux inspirés par des pétroglyphes amérindiens, la création du monde chez les Cris des Plaines. On pourrait aussi parler de spiritualité écologiste avec l’œuvre illustrée La saison des louanges d’Alain Dufour et d’Andréa Toutant, composé de haïkus portant sur la nature et le rapport de soi avec elle.

SILQ 2016 : un religieux bien représenté

Bien entendu, il est difficile pour moi de tout raconter ce que j’ai vu lors de l’édition 2016 du Salon international du livre de Québec. Il m’est impossible de nommer tous les éditeurs et tous les ouvrages portant de près ou de loin sur le religieux. À mon avis, cela est la preuve même que le spirituel et le religieux étaient bien représentés à cet événement. Bravo au SILQ d’avoir tout de même offert une bonne place aux spirituels. Bon, il ne faut pas oublier qu’il faut payer, comme éditeurs ou distributeurs, pour avoir son kiosque à un tel évènement et que le religieux est à mon avis une niche qui peut être très lucrative. Rendez-vous l’année prochaine!

Bonus

J’ai débuté mon aventure au SILQ par une visite au stand de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale (salutations à Carolyne et Mathieu, deux illustres représentants), où on m’a appris que le plus ancien livre de la collection était une copie de La Somme théologique de Saint Thomas d’Aquin datant de 1473. Comme quoi la religion vous rattrapera en tous lieux et en tout temps, même dans l’une des plus belles bibliothèques du Québec. Vous pouvez d’ailleurs visionner ce livre en ligne en cliquant ici.

Dossier SILQ 2016 – À lire aussi :

 

« Parlons d’islam, d’islamisme, d’islamophobie » de Steeve Bélanger

« Suggestions de livres – SILQ 2016 » de l’équipe LMD

*Toutes les photos du SILQ 2016 sont de Steeve Bélanger

A propos de l'auteur

Cofondateur

Hugues St-Pierre est diplômé en philosophie ainsi qu’en sciences des religions, programme dans lequel il poursuit aujourd'hui à la maîtrise. Ses intérêts sont principalement orientés vers les analyses discursives, la sexualité et les phénomènes religieux contemporains. Un faible penchant pour la philosophie et l'anthropologie des religions se fait aussi sentir. En tant qu'homme d'idée, Hugues St-Pierre est toujours sur la route de l'univers des possibles à la recherche de projets ambitieux. Il est, entre autres, l'instigateur et l'un des quatre cofondateurs du site Internet de LMD.

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