Ron, Bob et la scientologie
Difficile de passer sous silence la sortie du documentaire de la HBO Going Clear : Scientology and the prison of beliefs, réalisé par Alex Gibney, à partir du livre original du journaliste américain Lawrence Wright[1]. Le documentaire, dans sa version vidéo, fut présenté en janvier dernier au Festival de Sundance. Il fit une sortie remarquée dans les salles de cinéma montréalais, au début mai, remettant au goût du jour les critiques virulentes contre le mouvement religieux controversé.
Le documentaire en question n’est pas, a priori, trop agressant pour mes oreilles hyper-sensibles aux âneries anti-sectaires. La qualité des documents et des entrevues apporte beaucoup de crédibilité au contenu et nous y retrouvons une brochette surprenante de grands noms apostasiés[2] : Paul Haggis, Spanky Taylor, Jason Beghe, Mike Rinder, Sara Goldberg, etc. La scientologie étant ce qu’elle est, même pour les meilleurs spécialistes, il est difficile de se faire une opinion sensée à l’intérieur d’une véritable guerre de manipulation de l’information (des deux côtés). Le titre du documentaire nous rappellera l’angle d’observation privilégié pour aborder l’iceberg, soit la manière dont les scientologues entrent dans le mouvement, y sont maintenus et peinent à en sortir. On ne peut donc pas leur reprocher d’avoir centré leur intérêt sur le discours des apostats, étant les mieux placés pour parler de leurs sagas individuelles. Les hauts dirigeants interrogés dans le documentaire relatent avec beaucoup de détails leur parcours sinueux dans les entrailles de l’organisation, témoignages émouvants et parfois choquants.
Peu de nouveau contenu viendra pourtant surprendre ceux qui se sont penchés moindrement sur le sujet. Le téléspectateur passe à travers la série habituelle des éléments controversés : la paranoïa des dirigeants, la guerre ouverte à l’IRS (Internal Revenu Services of U.S.A.), les camps de réhabilitation, où plusieurs scientologues « subversifs » furent séquestrés, la surveillance et les traitements controversés réservés aux hauts dirigeants de l’organisation. Le documentaire s’étend longuement sur la vie de Ron Hubbard, le fondateur de l’organisation, et la manipulation de l’entourage de ses vedettes scientologues (Tom Cruise et John Travolta principalement). On aime particulièrement la finesse avec laquelle les informations provenant de la période où le fondateur était vivant (les débuts de la dianétique, la Sea Organisation) se distinguent des éléments propres aux ambitions de David Miscavige, le leader actuel de l’organisation. Selon le journaliste Wright, il faut comprendre Hubbard afin de pouvoir comprendre la scientologie. Le documentaire suggère en effet que l’Église s’est développée selon la personnalité de son fondateur : instabilité, paranoïa, attrait pour la science-fiction, fabulations, mais avant tout une curiosité insatiable —et sincère— concernant l’anatomie du mental et de sa relation au corps. Nous apprenons d’ailleurs dans ce reportage à quel point Hubbard était obsédé par ses propres « démons ».
Going clear, pour ceux qui l’ignorent, fait référence à l’objectif de la thérapie de la dianétique proposée par la scientologie. En fait, l’être Clair est débarrassé des engrammes[3] qui entravent le fonctionnement du mental analytique. Le parcours du scientologue au cœur des nombreux ateliers de formation graduelle ne vise rien d’autre qu’un être pleinement opérationnel, heureux et sain. C’est ce même parcours qui est décrit dans le documentaire comme une prison onéreuse dont on ne peut s’extraire sans danger. L’accent sera mis sur le traitement réservé aux « ennemis » de la scientologie et aux personnes jugées « subversives », sur les dérapages des structures autoritaires dans les plus hauts échelons de l’organisation et sur l’hypocrisie nécessaire pour le maintien de la crédibilité de la machine scientologue emballée par les ambitions de Miscavige. Un bien sombre portrait. Ces informations sont certes clairement orientées vers la dénonciation des dérives scientologiques, mais restent tout de même précieuses pour comprendre le « phénomène » de la scientologie dans son ensemble. Nous souhaitons cependant insister pour replacer cette orientation dans une perspective plus vaste qui est systématiquement écartée des discussions.
Et Bob dans tout ça?
Bob est un Québécois comme plusieurs, se considérant catholique et scientologue, sans aucune contradiction. Il est bénévole à l’Église de scientologie parce qu’il croit sincèrement qu’il peut apporter sa contribution afin de rendre le monde meilleur. L’idéal des scientologues n’est rien de moins qu’un monde sans folie, sans criminels et sans guerres. Ils rêvent d’un monde où tous peuvent prospérer et où les gens honnêtes ont des droits, où l’homme est libre
d’atteindre les plus hauts sommets[4]. La dianétique a changé la vie de Bob, il paye quelques échelons un prix bien convenable (bien mieux que les séminaires de channeling à quelques milliers de dollars). Il n’a jamais été séquestré, il n’est pas surveillé par un service de renseignement, personne ne lui demande de fournir des sommes astronomiques pour aider l’Église à se défendre contre ses agresseurs. Ce que Bob côtoie tous les jours, ce sont les sarcasmes sur le contenu de ses croyances, les doutes quant à sa liberté de penser —ou pire, de sa capacité—. Il entend aussi des allusions déplacées concernant des faits qui sont à des années lumières de son expérience au sein de l’Église de Scientologie. Je ne suis pas scientologue, mais je n’ai aucun doute que les auditions[5] puissent faire assez de bien à un individu pour justifier l’investissement de quelque centaines de dollars pour des livres et des enseignements. Quant au contenu des croyances, si vous les trouvez si exotiques, je suis désolée de briser votre bulle de candeur, des théories bien étranges sur la possession ou les entités extraterrestres abondent dans nos librairies, vous passez simplement à côté sans en faire un plat. Votre voisine vient de se payer à grands frais une fin de semaine intensive de chants et de lumière pour se refaire une nouvelle vie et vous vous contentez de la trouver bizarre, sans savoir nécessairement (parce qu’elle ne vous en parle pas) que ce séjour avait pour objectif de purifier son corps astral de toutes les entités maléfiques qui le vampirise… Inutile donc, de s’acharner sur le contenu des croyances des scientologues. Inutile également de tenter de prouver qu’ils ont le cerveau lessivé : non seulement cette notion n’est reconnue par aucune autorité juridique ou psychologique, mais en plus les scientologues sont généralement des gens instruits qui peuvent articuler un discours cohérent sur les bienfaits de la pratique dans leur vie et par la bande la justification des sommes investies dans leur développement personnel. Que reste-t-il alors pour critiquer Bob? Le fait qu’il souhaite partager, avec l’ensemble de ses concitoyens, les bienfaits de sa philosophie ou de sa religion? La corruption des hauts échelons de l’organisation? De quoi faut-il s’indigner? Je ne vois qu’un seul sujet d’indignation digne d’intérêt : le manque de transparence de l’organisation.
Going Clear : Scientology and the prison of beliefs, est un documentaire bien ficelé qui permet de faire entendre des voix qui méritent d’être comprises. Elles nous indiquent que l’organisation possède des aspects qui ne tournent pas rond malgré l’image qu’elle tente de projeter. Ce n’est certainement pas un documentaire pour comprendre le phénomène de la scientologie dans son ensemble ni une source d’information pour poser un jugement sur l’expérience de Bob.
[1] Wright, L., Going Clear: Scientology, Hollywood, and the Prison of Belief, Alfred A. Knopf, 2013.
[2] I.e. ceux qui ont quitté le mouvement.
[3] Un engramme est l’enregistrement complet, dans les moindres détails, de toutes les perceptions présentes durant un moment d’inconscience partielle ou complète d’un individu. Source : http://fr.scientology.ca/what-is-dianetics/basic-principles-of-scientology/engrams.html
[4] Document officiel de l’Église, traduction libre de l’anglais.
[5] Rencontres où la dianétique est pratiquée.
FABRE
Aucune organisation humaine n’est parfaite mais on peut améliorer son fonctionnement,c’est ce que font les scientologues tous les jours,la Scientologie a les outils pour les aider dans cette tâche !
Le réalisateur de ce « documenteur » ouvre la porte à l’intolérance en laissant volontairement le public dans l’ignorance de l’engagement de l’Eglise de Scientologie pour des causes comme les droits de l’homme,la lutte contre la toxicomanie dont les campagnes sont les plus importantes au niveau international, ses programmes efficaces d’amélioration sociale,d’amélioration du niveau d’éducation,pour la réduction de la criminalité et de la décadence morale et d’autres dans de nombreux domaines qui apportent des solutions aux problèmes de la société.
Il a refusé de donner la parole à des scientologues qui témoignent des bienfaits qu’ils retirent de leur pratique de la Scientologie comme bob qui témoigne ici,comme Andrew Gason qui explique dans une conférence comment le cours de Scientologie « Valeurs personnelles et intégrité » l’a aidé à se sortir de son passé criminel en Nouvelle-Zélande !(vidéo:Comment la scientologie a changé la vie de Andrew Gason) et comme tant d’autres !