Compte-rendu du livre Jésus raconté par ses proches – Jacques Gauthier Reviewed by Steeve Bélanger on . Déstabilisant, déconcertant, mais de lecture agréable ! Voilà comment m’est apparu le dernier livre de Jacques Gauthier, essayiste et poète prolifique, et ancie Déstabilisant, déconcertant, mais de lecture agréable ! Voilà comment m’est apparu le dernier livre de Jacques Gauthier, essayiste et poète prolifique, et ancie Rating: 0
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Compte-rendu du livre Jésus raconté par ses proches – Jacques Gauthier

Déstabilisant, déconcertant, mais de lecture agréable ! Voilà comment m’est apparu le dernier livre de Jacques Gauthier, essayiste et poète prolifique, et ancien professeur de théologie à l’Université Saint-Paul (Ottawa). Je ne sais pas trop comment il convient de présenter cet ouvrage, car mon commentaire aurait grandement pu varier en fonction du chapeau que je choisirais d’adopter : soit celui de l’historien spécialisé en histoire du judaïsme et du christianisme anciens, soit celui de simple lecteur. Après mûre réflexion, il m’apparait plus approprié de délaisser – sans l’oublier complètement – le chapeau d’historien au profit de celui de lecteur, car l’historien en moi ne peut qu’être irrité par le fantasme littéraire reposant sur une certaine connaissance, voire une connaissance certaine, des récits bibliques et non bibliques qui ont inspiré l’auteur pour construire les multiples narrations et dialogues mettant en scène les proches de Jésus.

Jacques Gauthier - Jésus racontés par ses proches

            Le problème ne réside pas dans le fait que l’auteur s’inspire de personnages historiques ayant côtoyé Jésus, mais plutôt dans l’ambiguïté de la finalité de cet ouvrage. L’exemple de L’Évangile selon Pilate d’Éric-Émmanuel Schmitt est à ce titre éclairant, car il ne fait aucun doute dans l’esprit du lecteur que le récit, qui s’inspire des événements bibliques, est une fiction littéraire, comme l’indique sa page couverture qui mentionne clairement que nous sommes en présence d’un roman. Or, dans Jésus raconté par ses proches, cette frontière n’est pas clairement tracée – car rien n’indique que l’auteur revêt le chapeau de l’essayiste plutôt que celui de professeur de théologie – et peut conduire à une certaine confusion chez le lecteur qui ne distinguera pas la fiction littéraire de la réalité historique, ce qui appartient aux récits évangéliques de ce qui relève de la pure construction littéraire[1]. Il aurait donc été souhaitable qu’une telle précision ait été clairement indiquée afin d’éviter toute confusion possible, car c’est ce genre d’ambigüité qui contribue à véhiculer comme vraisemblables des éléments fictionnels. Rappelons-nous l’effet Dan Bown avec son Code Da Vinci qui a réactivité les théories du complot et des secrets du Vatican avec un roman qui avait une certaine prétention historique, théorique. Cette ambigüité avait obligé plusieurs spécialistes de l’Antiquité et de l’histoire de l’Église catholique à apporter des précisions et des nuances afin que les lecteurs soient conscients qu’ils étaient en présence d’une fiction littéraire. Ce problème survient souvent lorsqu’une fiction côtoie de très près les faits historiques et les utilise pour construire une narration captivante.

            Cette remarque n’enlève cependant rien à la qualité de la plume de l’auteur qui puise à la fois dans les traditions et légendes bibliques, apocryphes, patristiques et médiévales de même que dans la mystique contemporaine, notamment celle de Maria Valtorta[2], qu’ils recoupent afin de reconstruire les principales figures de l’entourage de Jésus. L’auteur n’hésite pas à recourir à son imaginaire pour combler les vides laissés par l’histoire et pour reconstituer certains dialogues – souvent fictifs, mais néanmoins sincères – entre les principaux personnages et Jésus, les paysages et les divers éléments de la vie quotidienne de l’époque. Cette méthode rappelle quelque peu l’historicisme d’Ernest Renan[3], mais sans la prétention historienne. Ce procédé littéraire, qui est la première richesse de cet ouvrage, permet ainsi au lecteur de réinvestir de manière vivante et dynamique, pour ne pas dire parfois bucolique, la vie quotidienne et publique de Jésus. Sont ainsi invoqués des détails occultés par les grandes synthèses historiques, en raison des lacunes documentaires, mais qui ont vraisemblablement dû faire partie de la vie quotidienne de Jésus et de son entourage : les jeux d’enfance, les odeurs du pain au miel des repas familiaux, la splendeur du jardin de Marie, la poussière des routes, la fatigue et la peur, les conflits familiaux, etc.

Jacques Gauthier replonge ainsi de manière réaliste le lecteur dans le milieu dans lequel a grandi et a vécu Jésus de Nazareth, mais surtout ses parents et ses disciples, en donnant véritablement la parole aux principales personnes qui l’ont rencontré, qui l’ont côtoyé et suivi à différents moments de sa vie. Contrairement à ce à quoi on est habitué, les divers personnages adoptent un style narratif et dialogique direct par l’utilisation de la première personne du singulier. Cela fait en sorte que le lecteur se sent directement interpellé par les différents protagonistes et qu’il a l’impression que ces derniers lui livrent des témoignages intimes et personnels. Telle est la seconde richesse de l’ouvrage. Présentés dans l’ordre où ils ont été appelés à suivre Jésus, ces personnes nous livre un témoignage personnel, voire intime, sur la question que Jésus a posée à ces disciples : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » (Évangile selon Marc, 8,29). L’ouvrage débute obligatoirement avec les parents de Jésus, Marie puis Joseph, les premiers interpellés par Dieu pour accueillir Jésus, avant de se poursuivre avec les Douze, soit les différents apôtres connus et surtout méconnus, avec Marie de Magdala puis avec l’avorton de Dieu, Paul de Tarse, « apôtre » des Gentils. De manière surprenante, l’auteur se livre personnellement dans l’épilogue en présentant sa rencontre avec Jésus, avec Dieu et avec l’Esprit à travers un témoignage autobiographique très touchant, ce qui permet de mieux saisir la personnalité de l’auteur et sa relation intime avec Dieu.

Notons cependant que l’ouvrage est ponctué de remarques insistantes sur des questions controversées qui continuent de faire l’objet de nombreux débats entre spécialistes et au sein des différentes traditions chrétiennes. Je pense surtout à la question des « frères et sœurs » de Jésus, une possibilité clairement écartée par l’auteur qui affirme à plusieurs reprises que Jésus n’avait pas de frères ou de sœurs, mais seulement des cousins – une position officielle et majoritaire au sein de l’Église catholique, en raison du dogme de la virginité de Marie -, mais rejetée par d’autres traditions chrétiennes[4]. On soulignera, sans grande malice, l’image de Jésus présenté comme grand, aux longs cheveux blonds roux et aux yeux bleus (page 73), une représentation très occidentalisée et romantique qui s’éloigne cependant de la réalité physique des hommes sémites de l’époque[5], mais qui demeure ancrée dans notre imaginaire collectif. Le plus déstabilisant est peut-être la représentation de Judas Iscariote, le traître qui livra Jésus aux prêtres, qui est clairement inspirée par la description qu’en a faite Maria Valtorta, soit un personnage dualiste qui accomplit une lutte intérieure et acharnée entre le Bien et le Mal, méprisant et vil dès l’enfance, qui suscite de tous la méfiance, même de sa propre mère, et qui finira par succomber au mal en pratiquant la nécromancie après avoir perdu le don de guérison. Très caricaturale, cette figure est peut-être la moins réussie des Douze. Malgré tout, Jacques Gauthier a su faire revivre de manière fort agréable un univers qui ne nous est plus familier et qui saura séduire plus d’un lecteur.

Un compte-rendu de Steeve Bélanger

Jacques Gauthier, Jésus raconté par ses proches, Paris – Parole et Silence – Novalis, 2015, 228 pages

ISBN : 9782896881963
Prix : 24,95 $


[1] Cette confusion se constate, entre autres, dans un commentaire de l’ouvrage qui mentionne que « ce livre devrait figurer dans toutes les classes d’enseignements, pour ne pas perdre le fil de notre héritage chrétien. » (sic.) http://www.culturehebdo.com/livres.htm. Or, aucun professeur de théologie n’aurait l’idée d’utiliser une fiction littéraire pour enseigner les origines du christianisme.

[2] Mystique catholique italienne, Maria Valtorta (1897-1961) aurait, entre 1943 et 1951, reçu des visions et des révélations sur la vie de Jésus – couvrant la période comprise entre la naissance de Jésus et les débuts de l’Église –qu’elle prétend avoir reçu de Dieu et qui seront publiées en dix volumes dans son Évangile tel qu’il m’a été révélé. L’Église catholique demeure mitigée sur ces révélations et sur ces visions considérées comme privées et plusieurs membres du clergé recommandent une lecture prudente de cette œuvre qui continue cependant à recevoir un écho important dans le grand public.

[3] Josèphe Ernest Renan (1923-1892) est un historien français notamment connu pour sa très controversée Vie de Jésus publiée en 1863 qui défendait la thèse que la biographie de Jésus devait être étudiée et rédigée de la même manière que les biographies des autres hommes célèbres en obligeant à un examen critique des sources qui le mentionnent. Inspiré par son voyage au Liban, Ernest Renan mélange dans cette Vie de Jésus l’érudition de l’historien et la plume du romantisme, n’hésitant pas à combler les blancs laissés par les Évangiles pour reconstruire le milieu social et historique de cette époque.

[4] À titre d’exemple, au sujet de Jacques d’Alphée, dit Jacques le Mineur, l’auteur écrit : « On nous appelait “ les frères du Seigneur ” parce que nous étions ses cousins » (page 43). Cette affirmation est reprise par l’apôtre Simon (Pierre) : « Ils m’apprirent qu’il [Jésus] n’avait pas de frères et sœurs, seulement des cousins. » (page 105). La tradition catholique considère effectivement que Jacques le Juste et Jacques le Mineur sont un seul et même personnage, alors que les traditions protestante et orthodoxe en font deux personnages distincts. Le premier est considéré dans ces traditions comme le frère de Jésus, appellation que l’on retrouve chez Flavius Josèphe et dans certaines lettres de Paul de Tarse, alors que le second est considéré comme un cousin de Jésus né de l’union entre Marie de Jacobée et Clopas. Certains mouvements de la tradition protestante considèrent que Marie était effectivement vierge à la naissance de Jésus, mais qu’elle aurait enfanté d’autres frères (Jacques le Juste, Josèphe de Barsabas, Jude et Simon le Zélote) et sœurs (qui nous sont inconnues) par la suite, alors que la tradition orthodoxe considère que les frères et sœurs de Jésus sont nés d’une autre épouse que Joseph aurait eue avant de se marier avec Marie. Sur la figure de Jacques le Juste, voir Simon Claude Mimouni, Jacques le Juste, frère de Jésus de Nazareth et l’histoire de la communauté nazoréenne / chrétienne de Jérusalem du Ier au Ve siècle, Paris, Bayard, 2015, 616 p.

[5] Voir : « Des scientifiques découvrent le véritable visage de Jésus« . Sans devoir considérer que ces chercheurs ont découvert le « véritable » visage de Jésus, celui-ci devait être assez semblable à celui qui a pu être reconstitué par la recherche.

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Commentaires (2)

  • Jacques Gauthier

    Je tiens à remercier Steeve Bélanger pour son compte-rendu de mon livre. Je me permets d’apporter trois remarques aux points soulevés.

    1) C’est vrai que le genre littéraire de ce livre peut paraître déconcertant, même s’il est « de lecture agréable ». Ce n’est pas un roman, à la manière de L’Évangile selon Pilate de Schmitt, ni un essai, comme on le fait habituellement en exégèse biblique ou en histoire, mais un récit où l’imagination trouve sa place, en fidélité à l’esprit des Évangiles, ma source principale d’inspiration. Je fais parler les apôtres au « je » dans de nombreux dialogues, en me mettant dans leur peau. Ce qui donne un ton vivant qui favorise un contact direct avec Jésus. C’était mon choix dès le départ. Des lecteurs m’ont dit que cela pourrait faire une pièce de théâtre ou un film. Mon témoignage en épilogue, demandé par l’éditeur, ajoute une note personnelle que je n’aurais pu faire dans un roman. J’ai voulu que tout au long du livre le lecteur lui-même se positionne devant Jésus en répondant, à la suite des apôtres, à la question centrale : « Pour vous, qui suis-je? » Le lecteur trouvera dans ce livre de l’histoire, de la théologie, de la fiction, de la mystique et de la poésie, tout cela intégré à mon expérience de prière, mon amour de Jésus, vécu en Église. Je ne crains pas d’effet à la Dan Brown (et non Bown), car on ne trouve pas ici de scandales ou d’interprétations qui mettent en cause l’enseignement de l’Église catholique. Ce qui m’amène au deuxième point.

    2) Mon intention avec ce livre est de proposer une rencontre du Christ en écoutant ses proches. Je n’entre pas dans les questions controversées, comme les « frères et sœurs » de Jésus, la virginité de Marie. Les évangélistes en parlent peu, et puis dans ce contexte « frère » équivaut à « cousin ». Si Jésus avait vraiment eu des frères et des sœurs, pourquoi, au moment de mourir, confie-t-il sa mère à Jean, et non à l’un de ceux-ci? Pour ces questions, et d’autres du même genre, je renvoie à l’excellent Jésus expliqué à tous (Seuil) de Joseph Doré. J’en ai fait une recension dans mon blogue. Lire également le Dictionnaire amoureux de Jésus (Plon) de l’historien Jean-Christian Petitfils, à l’entrée, « Frères et sœurs de Jésus » p. 236-241.

    3) Steeve Bélanger mentionne l’influence de Maria Valtorta dans mon récit, surtout en ce qui a trait à la figure de Judas. Il a raison. J’ai lu L’Évangile tel qu’il m’a été révélé en 10 volumes et ce fut toute une expérience de lecture, une sorte de lectio divina, c’est-à-dire une lecture méditée et priée de la Parole de Dieu, qui m’a rapproché de Jésus. Je mentionne cette source dans la bibliographie, à la fin de mon livre, avec des livres d’autres auteurs qui m’ont inspiré comme Hans Küng et Benoît XVI. En ce qui a trait à l’œuvre principale de Valtorta, on aurait dû garder le titre original en italien Le poème de l’Homme-Dieu, ce qui aurait créé moins d’ambigüité, car ce n’est pas l’évangile de Maria qui est donné ici, mais bien celui du Nouveau Testament. L’Église catholique ne condamne pas l’œuvre, puisqu’il n’y a rien de contraire à la foi. On suit Jésus pas à pas dans sa mission tout en découvrant la Palestine de son temps. On aime ou on n’aime pas, mais pour se faire une idée personnelle, rien de mieux que de la lire, ce que suggérait Pie XII, dans son audience du 26 février 1948 : « Publiez l’œuvre telle quelle. Il n’y a pas lieu de donner une opinion quant à son origine, qu’elle soit extraordinaire ou non. Ceux qui liront comprendront ». Pour se faire une idée des pour et des contre Maria Valtorta, allez à ce site : http://www.maria-valtorta.org

    Merci de nouveau à Steeve Bélanger pour sa lecture attentive de mon livre et la publication sur le site La Montagne des dieux. Il y a une correction à apporter à la référence du livre; il est édité à Paris chez Parole et Silence, non Parole et Sciences.

    Jacques Gauthier, Gatineau
    http://www.jacquesgauthier.com

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    • Steeve Bélanger

      Tout d’abord, permettez-moi, M. Gauthier, de vous remercier à mon tour de votre commentaire sur la recension de votre livre. Il est rare qu’un auteur vienne argumenter avec l’un de ces critiques, ce qui est tout à votre honneur, car l’échange des idées permet souvent de nuancer les choses.

      En premier lieu, comme je le souligne dans ma recension, il ne fait pas de doute pour moi, historien du christianisme ancien, que votre ouvrage relève de la fiction littéraire, malgré sa proximité avec votre lecture des récits évangéliques et avec votre cheminement de croyant. Or, le problème réside plutôt au niveau du lecteur qui, faute de connaissances suffisantes de l’univers de Jésus, pourrait confondre fiction et réalité, d’autant plus que vous citez parfois et inventez d’autres fois, les dialogues entre Jésus et ses disciples. Cet heureux mélange peut néanmoins créer une confusion chez le lecteur qui ne distinguerait pas la réalité historique de la fiction littéraire, comme dans le commentaire que j’ai cité dans la note 1 de ma recension. Votre choix d’auteur de rédiger sous cette forme n’est nullement remise en question, car elle plaira à plus d’un lecteur, mais nous voulions attirer l’attention des lecteurs et les inviter à faire preuve d’esprit critique afin qu’ils soient conscients que ce genre d’ouvrage, comme bien d’autres, ne présente pas le résultat de recherche historique, mais une construction narrative fictionnelle. En comparant avec le Code Da Vinci, c’était pour souligner comment cette confusion peut engendrer la résurgence de légende dans l’esprit du public, mais vous avez tout-à-fait raison, ce ne sera pas le cas pour cet ouvrage, car comme vous le soulignez vous-même, votre intention « est de proposer une rencontre du Christ en écoutant ses proches. »

      En second lieu, vous affirmez ne pas entrer dans les questions controversées, mais vous en conviendrez qu’écrire, c’est déjà prendre position. L’exemple des frères de Jésus que je souligne est également une prise de position, soit celle qui est officiellement acceptée par l’Église catholique, mais pas nécessairement par les chercheurs des origines du christianisme ou pour d’autres confessions chrétiennes. Sans entrer dans le débat, je me permettrais de citer Paul-Hubert Poirier, l’un des plus éminents spécialistes du christianisme ancien et correspondant permanent à l’Académie, dans un commentaire qu’il fait sur trois ouvrages portant sur la figure de Jacques :

      « Trois interprétations sont ainsi historiquement attestées. 1) Une des plus anciennes, proposée dès le IIe siècle par Hégésippe et dans le Protévangile de Jacques, consiste à tenir ces frères et sœurs comme des demi-frères, ou demi-sœurs, de Jésus, au sens de frères et sœurs par alliance, si on fait de Joseph le père adoptif de Jésus. Ces (demi-)frères et (demi-)sœurs seraient nés à Joseph d’un premier mariage. Cette opinion est également attribuée à Épiphane de Salamine. 2) La position de Tertullien, reprise par Helvidius (vers 383), tient que ces frères et sœurs sont au sens propre les frères et sœurs (utérins) de Jésus, donc nés de Marie et Joseph après la naissance de Jésus, et partageant avec lui au moins un parent biologique, Marie. 3) Quant à la position défendue par Jérôme, contre Helvidius, elle fait des frères et sœurs des cousins de Jésus, fils d’une autre des Marie mentionnées par les Évangiles, le plus souvent (selon les variantes de cette hypothèse) Marie de Clopas, sœur de Marie mère de Jésus (cf. Jn 19,25). Dans cette hypothèse, on interprète ἀδελφός/ἀδελφή au sens de cousin/cousine. Si, a priori, aucune de ces trois interprétations n’est impossible, il faut bien dire que la troisième est hautement improbable. »
      La suite de cet article montre bien que la question fait encore l’objet de débats, comme le montre également l’ouvrage de Simon Claude Mimouni que je signale dans mon commentaire. Affirmer que Jésus n’a pas de frères et de sœurs, c’est prendre position, ce qui est parfaitement votre droit, mais il convient de signaler que cette question n’est pas résolue et risque de ne jamais l’être totalement. Vous avez parfaitement le droit d’adhérer à une certaine lecture et compréhension sur la question des frères et sœurs de Jésus, mais il convenait d’aviser nos lecteurs qu’il existe d’autres lectures et compréhensions. Je soulignerais au passage que l’ouvrage de Jean-Christian Petitfils n’a pas non plus fait l’unanimité sur la figure de Jésus qu’il présente.

      Dernièrement, en ce qui concerne l’œuvre de Maria Valtorta, vous avez également parfaitement le droit de l’utiliser pour alimenter votre fiction littéraire, d’autant que vous le mentionnez dans votre bibliographie, ce qui m’a permis de découvrir une figure de Judas que je ne connaissais pas. Cependant, tout comme le souligne le site Internet dédié à cette personne, le cardinal Ratzinger avait écrit qu’il « ne juge pas opportune la diffusion des ces œuvres, non au regard d’erreurs intrinsèques, mais au regard de l’impact qu’elles pourraient avoir sur les esprits mal préparés (naïfs) ». Il a d’ailleurs demandé de prendre contact avec l’éditeur « pour que “ toute future réédition “ porte clairement la mention “que les « visions » et « dictées » qui y sont mentionnées sont tout simplement les formes littéraires utilisées par l’auteur pour raconter à sa manière la vie de Jésus. Ils ne peuvent pas être considérés comme d’origine surnaturelle ». Voilà pourquoi je précise dans la note que : « l’Église catholique demeure mitigée sur ces révélations et sur ces visions considérées comme privées et plusieurs membres du clergé recommandent une lecture prudente de cette œuvre qui continue cependant à recevoir un écho important dans le grand public. » Le succès rencontré par les écrits de cette mystique continue de susciter beaucoup d’intérêt dans le public, mais le lecteur, qui ne connaît peut-être pas l’œuvre de Valtorta, devait également être avisé que cette œuvre ne fait pas l’unanimité.

      Pour conclure, ces précisions que j’ai tenté d’apporter pour le lecteur n’enlèvent rien à l’intérêt que ce dernier pourrait avoir envers votre ouvrage. Vous comprendrez cependant que notre rôle à la Montagne des dieux n’est pas seulement d’informer nos lecteurs des nouveautés littéraires ou scientifiques, mais de présenter des informations nuancées et critiques afin de favoriser une meilleure connaissance dans le domaine des religions. J’espère que ces précisions aideront également le lecteur à bien saisir la nature de notre démarche et susciter son intérêt à vous lire.

      Au plaisir de vous relire dans votre prochain ouvrage,

      Steeve Bélanger
      Rédacteur en chef

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